États-Unis : Et si Clinton avait gagné ?

Le résultat semble entaché d’anomalies dans au moins trois États clés, que Trump a gagnés de justesse.

Politis  • 30 novembre 2016
Partager :
États-Unis : Et si Clinton avait gagné ?
© Photo : JEWEL SAMAD / AFP

Pas moins de 2 200 000 voix d’avance pour ­Hillary Clinton : ça commence à faire beaucoup, même dans un système électoral américain très particulier. En 2000, le démocrate Al Gore avait déjà remporté le vote populaire contre George W. Bush, mais avec « seulement » 550 000 voix d’avance sur celui qui allait être déclaré vainqueur. On sait que, dans ce mode de scrutin indirect, ce n’est pas le vote populaire qui compte, mais le nombre de grands électeurs remportés par État. Et la règle qui prévaut est celle du « winner takes all » : celui qui gagne l’élection dans un État gagne tous les grands électeurs attribués à celui-ci. Ce qui explique la distorsion entre vote populaire et vote des grands électeurs.

Mais, là où les choses se compliquent, c’est que le résultat semble entaché d’anomalies dans au moins trois États clés, le Wisconsin, la ­Pennsylvanie et le Michigan, que Trump a gagnés à la surprise générale et de justesse. Le litige porte sur 46 grands électeurs qui pourraient basculer. Cela suffirait pour remettre en cause la victoire de Trump, lequel l’a emporté avec 58 grands électeurs de plus que son adversaire (de 290 pour Trump contre 232, le résultat passerait à 244 contre 278, en faveur de Clinton). Quoi qu’il arrive, un nouveau décompte attestant d’une fraude ou d’une anomalie ouvrirait la boîte de Pandore dans un système de plus en plus contesté.

Autre particularité, le recomptage se fait aux frais de celui qui le demande. Une règle pour le moins dissuasive. Cette fois, c’est la candidate du Green Party, Jill Stein, qui a pris le risque. Pour ce droit élémentaire à la démocratie, il lui faut lever 7 millions de dollars. Elle dit en avoir déjà rassemblé 4,8 millions auprès de souscripteurs. L’histoire ne dit pas si Hillary Clinton va l’aider à réunir cette somme. Quant à Trump, flairant le danger, il a immédiatement contesté les résultats dans à peu près tous les États remportés par la candidate démocrate… On n’est jamais trop prudent.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille