Macron abat ses cartes
Au moins 10 000 personnes se sont pressées pour assister à son premier grand meeting.
dans l’hebdo N° 1432 Acheter ce numéro
La candidature d’Emmanuel Macron n’est plus virtuelle. La « démonstration de force » qu’il a livrée samedi à Paris a de quoi inquiéter la direction du PS. Au moins 10 000 personnes, dont pas mal de jeunes, se sont pressées porte de Versailles pour assister à son premier grand meeting, trois semaines après l’annonce de sa candidature. De quoi galvaniser ses partisans, qui, à l’instar de Gérard Collomb, ont ironisé sur l’absence de mobilisation de la Belle Alliance populaire une semaine plus tôt : « Si j’étais aujourd’hui à la place de Jean-Christophe Cambadélis, a lancé devant la presse le sénateur maire de Lyon, je me dirais que j’essaierais de rejoindre ce mouvement et de le faire gagner. »
Le candidat ne semblait pas en revenir lui-même. « C’est un rêve fou qui est en train de se réaliser », a-t-il lancé en commençant son discours. En huit mois, l’ancien ministre de l’Économie a reçu le soutien de quelque 120 000 adhérents (gratuits) à son mouvement, En Marche !. Son entourage revendique 15 000 à 20 000 personnes actives sur le terrain et affirme avoir déjà récolté 3,7 millions d’euros auprès de 12 000 donateurs.
S’il attire des foules, le candidat ne séduit pas encore de poids lourds politiques. Le député PS du Finistère Richard Ferrand et l’ancien ministre UMP Renaud Dutreil, qui l’ont précédé sur scène, ne relèvent pas de cette catégorie. Pas davantage l’ancien président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon, les avocats Jean-Pierre Mignard et Dominique Villemot, proches de François Hollande, ou les députés européens centristes Sylvie Goulard et Jean Arthuis, présents dans la salle.
Comme il fallait bien commencer à dévoiler des volets de son programme, Emmanuel Macron a surtout insisté sur les thématiques économiques et sociales, considérant que « la bataille économique et sociale est la première bataille ». Se présentant comme « le candidat du travail », qu’il veut « libérer », il égrène de vieilles recettes : « continuer à baisser le coût du travail », notamment par une diminution des charges patronales de 6 points pour pérenniser le CICE ; durée légale du travail maintenue à 35 heures mais liberté de négociation dans les entreprises ; « augmenter le pouvoir d’achat de tous les travailleurs » par un report des cotisations maladie et chômage sur la CSG ; simplifier le droit du travail, etc. Le candidat veut « réconcilier notre pays avec le goût du risque » tout en protégeant les plus faibles. Si on voit bien son libéralisme, le volet social ne saute pas aux yeux.