Proche-Orient : le testament politique d’Obama
En permettant l’adoption de la résolution 2334 enjoignant à Israël de cesser « immédiatement » la colonisation des territoires palestiniens, en Cisjordanie et à Jérusalem-est, Barack Obama a assouvi une petite vengeance contre Benyamin Netanyahou.
La sincérité de sa détestation pour le Premier ministre israélien — qui lui rend bien — ne fait pas l’ombre d’un doute. Le futur ex-président américain exprime aussi ses sentiments profonds sur le conflit israélo-palestinien. Accessoirement, il jette une pierre dans le jardin de la Maison Blanche que va bientôt investir son successeur Donald Trump. L’abstention des Etats-Unis dans un vote de l’Onu condamnant Israël est événement historique par son caractère exceptionnel. Rien de tel ne s’était produit depuis trente sept ans.
Le vote unanime du Conseil de sécurité (moins l’abstention américaine) a certes déchaîné la colère de Netanyahou qui a déclaré vouloir n’en tenir aucun compte. Mais on peut s’interroger sur sa portée réelle. Donald Trump a déjà affirmé vouloir reconnaître Jérusalem comme « capitale indivisible » d’Israël. Et la nomination de David Friedman, militant connu de la colonisation, lié à l’extrême-droite israélienne, comme ambassadeur en Israël est un signe tout aussi inquiétant. Enfin, le geste d’Obama est assez caractéristique d’une présidence qui aura échoué dans ce dossier. Il reste cependant que la résolution est un encouragement et un point d’appui pour le combat des sociétés civiles. Notamment en faveur du boycott. Il investit aussi l’Union européenne d’une responsabilité particulière. « C’est à l’Europe de prendre ses responsabilités », note à juste titre le collectif « Trop c’est trop ». Le vote de l’Onu renforce la nécessité de la campagne pour la suspension de l’Accord d’association de l’Union européenne avec Israël.
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