Usines récupérées : Les succès d’un contre-modèle

De Carcassonne à Istanbul en passant par l’Italie et les Balkans, des petits groupes de travailleurs décident de reprendre leur usine en faillite.

Erwan Manac'h  • 7 décembre 2016
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Usines récupérées : Les succès d’un contre-modèle
© Photo : GIUSEPPE CACACE/AFP

Face à la mécanique implacable des délocalisations d’usines, sommes-nous impuissants ? En Europe, un mouvement discret émerge depuis le début des années 2010 pour répondre à cette question par la négative. De Carcassonne à Istanbul en passant par l’Italie et les Balkans, des petits groupes de travailleurs décident de reprendre leur usine en faillite. Par la force des choses, et parfois malgré eux, ces ouvriers deviennent des éclaireurs. Ils misent sur l’autogestion pour s’affranchir du management par la carotte et le bâton. Ils s’appuient sur le collectif pour résoudre les problèmes quotidiens et imaginer les meilleures stratégies pour leur entreprise. Ils parient sur la solidarité et la conscience des consommateurs pour inventer un commerce plus sain et plus durable.

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Les difficultés sont énormes. Ils doivent batailler face aux actionnaires et devant la justice pour gagner le droit de gérer leur usine. Trouver des fonds pour repartir, se tisser un réseau, parfaire leur écosystème en se jouant de la loi du marché. Mais ces mouvements locaux recèlent de véritables pépites et provoquent bien souvent un engouement qui traduit une soif d’alternative jusque chez les « gagnants » du capitalisme. Ainsi, ils esquissent une forme nouvelle d’économie, capable de réunir le créateur, le citoyen et le consommateur qui cohabitent en chacun de nous.

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Leur horizon, pourtant, ne pourra pas s’ouvrir tant que la loi ne sera pas adaptée, pour que soient enfin pris en considération ces projets souvent bien moins utopistes qu’ils n’en ont l’air.

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