Amnesty International alerte sur un trafic d’armes et des crimes de guerre en Irak
L’organisation de défense des droits de l’Homme alerte sur les crimes de guerre en Irak permis par le trafic d’armes venues des Etats-Unis, de Russie, d’Iran et d’Europe de l’Est.
Alors que l’armée irakienne a repris les combats à Mossoul contre l’organisation Etat Islamique le 29 décembre, comme le signalait le général de l’armée Nejm Djabouri à l’agence de presse Reuters, Amnesty International, dans un rapport publié le 5 janvier, dénonce de _« graves violations », comme des « disparitions forcées, des enlèvements, de la torture, des exécutions sommaires et la destruction délibérée de biens civils » commises à l’encontre des civils par les milices qui accompagnent les forces gouvernementales sur le terrain.
« Violations systématiques »
Cette coalition paramilitaire, appelée « Unités de mobilisation populaire », est créée en juin 2014 après la chute de Mossoul. Elle regroupe 40 à 50 milices, majoritairement chiites. Les travaux réalisés par Amnesty montrent qu’au moins quatre d’entre elles ont commis de « graves violations des droits humains ». Sont visés l’Organisation Badr (Munathamat Badr ), la Ligue des vertueux (Asaib Ahl al Haq), les Brigades Hezbollah (Kataeb Hezbollah) et les Brigades de la paix (Saraya al Salam).
Amnesty International avait déjà signalé en octobre 2016 les conditions difficiles pour les civils, coincés entre l’EI et les forces irakiennes. Ce nouveau document donne la parole aux victimes, comme cet étudiant de 20 ans qui a été kidnappé par des _« civils et d’autres en uniforme militaire, dont certains portant des insignes des Unités de mobilisation populaire ». Il raconte :
J’ai passé sept semaines sous la torture ; ils voulaient me faire avouer que j’appartenais à Daesh [EI]. J’étais détenu avec environ 30 personnes dans une école… Nous avons tous été frappés à coups de baguettes et de câbles métalliques. Ils m’ont fait subir des décharges électriques.
Un suivi incertain
Plus de cent types d’armes circulent en Irak dans les mains des « Unités de mobilisation populaire ». Fabriquées dans au moins 16 pays, les Etats-Unis et la Russie sont les premiers fournisseurs de l’Irak. Un trafic d’armes intensifié par le manque de suivi de la part de l’armée et un conflit qui évolue rapidement. Pour Patrick Wilcken, chercheur au Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International, les fournisseurs d’armes « doivent user de leur influence » pour que les autorités irakiennes imposent un plus grand contrôle.
L’Iran, allié actif des milices chiites en Irak, apporte un soutien financier mais aussi militaire. Des livraisons d’armes qui vont à l’encontre de la résolution de l’ONU de 2015, interdisant les exportations sans autorisation préalable du Conseil de sécurité. Pour le chercheur, « l’Iran risque de se rendre complice de crimes de guerre ».
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