En finir avec les crises financières

Attac publie une synthèse de ses analyses sur l’impasse du capitalisme et propose d’en sortir par une révolution écologique.

Erwan Manac'h  • 25 janvier 2017 abonné·es
En finir avec les crises financières
© Photo : Drew Angerer/GETTY IMAGES/AFP

Une décennie après l’explosion de la finance mondiale, Attac prévient de l’imminence d’un nouveau cataclysme. La spéculation a atteint « des dimensions sans précédent dans l’histoire », notamment à cause du « trading à haute fréquence », qui permet à des ordinateurs d’acheter et de vendre en quelques millisecondes. La circulation libre des capitaux crée une « guerre des monnaies » qui fragilise les pays émergents. Et rien n’a permis d’empêcher la création de nouvelles bulles spéculatives. L’effondrement est seulement retardé, écrit Attac, par « une avalanche de liquidité » déversée par les banques centrales, qui constitue une véritable « fuite en avant ».

L’analyse de l’association n’est pas moins inquiétante sur le terrain de l’économie « réelle ». La « thérapie de choc » imposée par les néolibéraux comprime les salaires et l’investissement. Résultat, nous faisons face à une « stagnation séculaire », à laquelle le système répond artificiellement en incitant à l’endettement des ménages à qui le travail n’offre plus un salaire suffisant. L’endettement privé atteint un niveau insoutenable, prévient ainsi Attac, notamment au Danemark et en Norvège : « Le capitalisme néolibéral a surfé sur un océan de dette », résume l’association, qui rappelle que la crise de 2008 a été déclenchée par le surendettement des foyers américains.

Pour sortir de cette impasse, Attac propose une reconversion de l’économie : encadrement de la finance, remplacement des 29 énormes banques « systémiques » par des banques coopératives ou publiques, réduction du temps de travail et investissement dans les énergies vertes.

L’association se prononce en revanche contre l’idée du revenu universel. Elle doute en particulier de l’imminence de la « fin du travail » que provoqueraient les progrès de la robotique et préfère défendre le principe d’un renforcement de la sécurité sociale professionnelle. Attac se démarque également de l’idée de « monnaie pleine », qui perce discrètement en provenance de Suisse, où un référendum doit être organisé en 2018. Il s’agirait d’interdire aux banques commerciales de créer elles-mêmes de la monnaie, ce qu’elles font actuellement par un jeu d’écritures lorsqu’elles accordent des crédits. Autrement dit, tout euro prêté par une banque devra correspondre à un euro effectivement déposé sur ses comptes. Un gage de stabilité, selon ses partisans. Mais Attac nuance les vertus de cette idée et y voit un « risque inévitable de bureaucratisation antidémocratique », du fait du pouvoir hégémonique conféré aux banques centrales. Cette proposition compromet surtout, selon Attac, le fonctionnement normal du système bancaire.

Une synthèse éclairante pour comprendre l’architecture du jeu de quilles sur lequel le boulet Donald Trump vient d’être lancé, sous le regard inquiet des économistes de tous bords.

Par ici la sortie. Cette crise qui n’en finit pas, Attac, Les liens qui libèrent, 246 p., 12 euros.

Idées
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