Existe-t-il une justice de classe ?
Salles d’audience et population carcérale témoignent d’une forte concentration devant les tribunaux de justiciables défavorisés.
dans l’hebdo N° 1438 Acheter ce numéro
Lundi 26 janvier, étaient rendues publiques deux décisions de justice : la relaxe à Dax de Jon Palais, militant contre l’évasion fiscale et « faucheur » de 14 chaises dans une agence BNP, attaqué par cette banque, et la condamnation en appel de Claude Guéant à deux ans de prison, dont un ferme, pour avoir touché des primes en liquide non déclarées comme directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Les juges ont même, ici, durci la condamnation en première instance, qui était de deux ans avec sursis. Deux verdicts qui sembleraient démentir notre interrogation sur l’existence d’une justice « de classe », ou du moins une tendance appuyée de pratiques judiciaires à deux vitesses, plutôt clémentes avec les puissants, rigoureuses avec les moins favorisés.
Il n’en demeure pas moins que le public habitué des salles d’audience et les études sur la population carcérale témoignent d’une très forte concentration devant les tribunaux de justiciables appartenant aux catégories les plus défavorisées. Alors que « la France traverse la période la plus répressive de son histoire récente en temps de paix », avec un nombre record de détenus et plus encore de personnes sous main de justice, comme le souligne dans son dernier essai l’anthropologue et sociologue Didier Fassin, il s’agit ici d’interroger les pratiques des juges, mais aussi la sociologie de la magistrature et sa formation, en tant que facteurs potentiels influant sur ses décisions. Sans oublier le contexte de ce _« moment punitif » actuel, où « l’intolérance sélective de la société » trouve pour réponse un certain « populisme pénal »…
À retrouver dans ce dossier :
• Justice : Puissant ou misérable…
• Didier Fassin : « La justice, accusée de laxisme, n’a jamais été aussi sévère »
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