Israël-Palestine : Une conférence pour le symbole

Les soixante-dix gouvernements et organisations réunis n’ont fait que réitérer leur engagement en faveur d’une solution à deux États, mais on est resté là.

Politis  • 18 janvier 2017
Partager :
Israël-Palestine : Une conférence pour le symbole
© bertrand GUAY / AFP

L’issue de la conférence sur le conflit israélo-­palestinien qui s’est tenue le 15 janvier à Paris représente tout au plus un mince succès symbolique pour les Palestiniens. Les soixante-dix gouvernements et organisations réunis n’ont fait que réitérer leur engagement en faveur d’une solution à deux États, et exhorter les deux parties « à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient du résultat de la négociation, notamment sur les frontières ou sur Jérusalem ». Des mots qui visent évidemment un gouvernement israélien grand promoteur de colonies en territoires palestiniens.

Mais on est resté là. Aucune mesure coercitive n’accompagne l’avertissement. Et il n’y a aucune raison de penser que le gouvernement de ­Benyamin Netanyahou se pliera aux exigences d’une conférence à laquelle il a refusé de participer, arguant que « seules des discussions directes » avec les Palestiniens peuvent mener à une solution. Mais il ne peut y avoir de ­« négociations directes », tant que se poursuit la colonisation et alors que le gouvernement israélien exige la reconnaissance d’Israël comme « État juif », au mépris des ­Palestiniens de nationalité israélienne, qui représentent 20 % de la population.

Cette conférence a eu au moins l’avantage de prendre date avant l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, qui menace de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Ce qui serait en rupture totale avec toutes les résolutions internationales. La conférence a également pris date par rapport à la situation sur le terrain. La colonisation a atteint un seuil critique au-delà duquel la solution à deux États deviendra impraticable. On entrerait alors dans une nouvelle ère à très haut risque, avec une situation d’apartheid à la sud-africaine. Dernière ombre au tableau : la Grande-Bretagne, sûrement pour ménager ses futurs rapports avec Washington, a refusé de signer un communiqué final pourtant bien timide.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant