La sécurité informatique des « compteurs intelligents » mise en cause

Lors d’un congrès de spécialistes, les compteurs envoyant les consommations aux distributeurs d’énergie ont été dénoncés

Claude-Marie Vadrot  • 3 janvier 2017
Partager :
La sécurité informatique des « compteurs intelligents » mise en cause
© Photo: ALAIN JOCARD / AFP

Lors du 33° Congrès sur « le chaos des communications internet », qui vient de réunir prés de 10 000 hackers et experts de la sécurité à Hambourg, Netanel Rubin, responsable d’une entreprise de sécurité informatique (Vaultra), a passé en revue tous les dangers que font courir aux utilisateurs les « compteurs intelligents ». Pour ce spécialiste reconnu, ce n’est pas le risque des ondes parfois évoqué par ceux qui les contestent en France à propos des installations « Linky » ou « Gazpar » proposés et même imposés par ERDF ou GRDF qui posent problème.

M. Rubin a dénoncé les problèmes de sécurité induits par ces nouveaux moyens qui suppriment les relevés au profit d’un suivi en direct des consommations par les clients et par son opérateur ; système qui est présenté comme devant permettre d’optimiser le contrôle des quantités d’énergies consommés par les clients. Ce qui engendrerait des économies au profit de ces utilisateurs. Il a aussi évoqué l’intrusion dans la vie privée : qui utilise quoi et quand, indication d’absence, etc.

Graves incidents

Pour ce spécialiste, ces nouveaux moyens de mesurer les consommations présentent surtout un risque élevé de piratage. Soit pour lire frauduleusement les données recueillies, soit pour les modifier, ou encore pour provoquer de graves incidents dans les foyers équipés. Notamment en induisant des surcharges susceptibles d’entraîner des incendies comme cela s’est produit récemment dans l’Etat américain de l’Ontario et il y a quelques années à Porto-Rico, a-t-il expliqué. Il a ajouté que ces nouveaux compteurs allaient également permettre de priver à distance une maison ou un immeuble de fourniture électrique. Ce qui peut engendrer des catastrophes.

« Notamment, a précisé cet expert, parce que ces compteurs ne sont en général protégés que par des codes à six caractères qu’il est facile de casser pour prendre leur contrôle. Cela s’explique par le fait que les vendeurs ou installateurs des compteurs intelligents choisissent les solutions de protection les plus simples et donc les moins coûteuses. La plupart du temps, ces engins ne présentent d’ailleurs aucune protection particulière et il suffit de les relier à distance avec un réseau pour se procurer la liste des mots de passe censés les protéger. »

Des économies… pour les distributeurs

« Souvent, a ajouté Netanel Rubin, comme ces compteurs débouchent sur des économies en permettant aux producteurs ou distributeurs d’énergie d’ajuster localement l’offre à la demande, ils sont très prisés par les compagnies. Ce qui explique que l’Union européenne ait défini comme objectif de remplacer 80 % des compteurs installés par ces compteurs intelligents. »

Pour ce spécialiste, les problèmes de sécurité ne vont pas disparaître avec la multiplication du nombre des équipements. « Au contraire nous allons devoir faire face à une croissance rapide des tentatives de hacking. »

Police / Justice
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Maintien de l’ordre : arrivée discrète d’un lance-grenades multicoups
Gendarmerie 18 novembre 2024

Maintien de l’ordre : arrivée discrète d’un lance-grenades multicoups

Depuis quelques mois, la gendarmerie nationale semble expérimenter une nouvelle arme de maintien de l’ordre. Avec ce lanceur acheté en urgence pour la Nouvelle-Calédonie, ce sont douze grenades qui peuvent être tirées quasi simultanément.
Par Maxime Sirvins
Faut-il introduire le consentement dans la définition du viol ?
Entretien 15 novembre 2024 abonnés

Faut-il introduire le consentement dans la définition du viol ?

Tandis que des féministes considèrent, comme Catherine Le Magueresse, que la loi serait plus juste et efficace si elle contenait la notion de consentement, d’autres, comme Suzy Rojtman, craignent que cela ne focalise encore plus les magistrats sur les victimes.
Par Pauline Migevant
Au procès du FN, Marine Le Pen menacée d’une inéligibilité automatique
Récit 13 novembre 2024 abonnés

Au procès du FN, Marine Le Pen menacée d’une inéligibilité automatique

Entendue en tant que complice et instigatrice du système de détournement de fonds qui permettait à son parti de faire payer une partie de ses permanents par l’Europe, la patronne du RN a plus irrité le tribunal qu’elle n’a changé sa vision de l’affaire.
Par Michel Soudais
Renvoi du procès Depardieu : « Porter plainte, c’est une journée sans fin »
Justice 28 octobre 2024 abonnés

Renvoi du procès Depardieu : « Porter plainte, c’est une journée sans fin »

Le procès de Gérard Depardieu, accusé d’agressions sexuelles par deux femmes, Amélie, décoratrice et Sarah*, troisième assistante réalisatrice, est finalement reporté aux 24 et 25 mars, l’acteur n’ayant pas pu être présent du fait de son état de santé.
Par Hugo Boursier