Législatives : Guerre froide à gauche de la gauche
C’est un véritable bras de fer que se livrent le PCF et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon autour des investitures pour les législatives.
dans l’hebdo N° 1437 Acheter ce numéro
Qui finira par lâcher prise ? C’est un véritable bras de fer que se livrent le PCF et la France insoumise (FI) autour des législatives. En novembre, le parti de Pierre Laurent a fini par se ranger à un soutien sans enthousiasme au candidat Mélenchon. Mais les alliés de l’élection de mai butent désormais sur les élections de juin. Incapables de se mettre d’accord sur une répartition nationale équitable, FI et PCF ont ainsi annoncé qu’ils présenteraient chacun de leur côté des candidats dans toutes les circonscriptions.
En conseil national, samedi dernier, le PCF a entériné une première liste de 253 candidats – une deuxième salve sera présentée le 3 mars. « Dans toute une série d’endroits, nous avons tenté des contacts [avec FI] et les portes se sont fermées, […] nous avons pris nos responsabilités », a justifié Pierre Laurent lors d’une conférence de presse. Soulignant que le PCF a « pris [sa] part dans le rassemblement » en ne présentant pas de candidat communiste face à Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, le secrétaire national juge désormais que c’est à FI de faire un geste en s’alliant d’emblée aux députés communistes sortants.
Las ! Place du Colonel-Fabien, l’investiture d’un candidat FI dans la circonscription d’André Chassaigne, chef des députés Front de gauche à l’Assemblée, a été perçue comme une provocation. Idem pour l’investiture d’Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, qui se présente à Montreuil (93) face au candidat que le PCF a choisi de soutenir.
Quand les « mélenchonistes » accusent le PCF de vouloir s’approprier les circonscriptions gagnables, les communistes les suspectent de tenter une OPA voilée sur leur parti en conditionnant toute investiture à la signature de la charte de FI. Autre sujet qui coince : le PCF veut se laisser toute latitude pour passer des alliances locales avec les Verts ou des socialistes. « Nous entendons rester une formation indépendante qui ne veut s’interdire aucune alliance », a précisé Pierre Laurent. « On ne va pas aborder la campagne législative dans la foulée de la présidentielle, a-t-il aussi souligné. Nous, on dit aux Français : élisez des députés qui resteront fidèles aux engagements qu’ils ont portés et pas parce qu’ils sont fidèles à tel candidat. »
Pour l’instant, donc, chacun semble avoir ses bonnes raisons de camper sur ses positions. La France insoumise et le PCF se revoient le 23 janvier. Sans accord, l’affaire pourrait se révéler désastreuse, des candidatures concurrentes ne pouvant aboutir qu’à l’élimination de la gauche (hors PS) à l’Assemblée nationale durant le prochain quinquennat.