Un démenti d’urgence sur France Inter
Une pitoyable polémique contre Sabrina Ali Benali, urgentiste et salariée de l’AP-HP dénonçant les conditions de travail dans les hôpitaux.
dans l’hebdo N° 1438 Acheter ce numéro
Onze millions de vues. La vidéo postée le 11 janvier par Sabrina Ali Benali n’est pas passée inaperçue. La jeune femme, « interne en dernière année de médecine à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) », y dénonce les conditions de travail des soignants à l’hôpital, plus particulièrement aux urgences, non sans brocarder la ministre de la Santé, Marisol Touraine. La voilà une semaine plus tard invitée par plusieurs médias, toujours avides de ces phénomènes de notoriété fulgurante. Sur France Inter, Sabrina Ali Benali a les honneurs de l’interview matutinale la plus écoutée de France : celle de Léa Salamé. Elle accède ainsi à un club très sélect. Cette encore inconnue quelques jours plus tôt se retrouve devant le même micro que le vice-président du Front national, Floriant Philippot, le criminologue Alain Bauer ou le président du Sénat, Gérard Larcher. Que des gens bien !
C’est dire le dépit de Patrick Cohen, le lendemain, quand il avoue aux auditeurs s’être « un peu fait avoir » par Sabrina Ali Benali, qui ne serait pas une « salariée de l’AP-HP », mais bien, en revanche, « une militante du Parti de gauche » – ce que la jeune femme n’a pas caché, tout en précisant qu’elle ne s’exprime pas en cette qualité. « Nous aurions dû vérifier », s’autoflagelle le taulier du 7/9. Sur quel travail d’enquête se repose-t-il désormais ? Sur les propos d’un journaliste hors pair, sans aucun parti pris : Martin Hirsch, patron de l’AP-HP, qui a réagi dans l’émission « Le téléphone sonne »…
Hélas, trois fois hélas, contrairement à ce qu’avance Martin Hirsch, Sabrina Ali Benali est vraiment salariée de l’AP-HP, qui a des conventions avec des hôpitaux privés, dont celui où elle travaille actuellement. En outre, cet hôpital est doté d’un service des urgences, ce que Patrick Cohen a pourtant nié. Enfin, et surtout, les anecdotes terribles et poignantes sur le désarroi des soignants et des patients que la jeune femme a racontées ont toutes été vécues par elle. Pour seule réponse, elle s’est vue opposer cette pitoyable polémique. Depuis, trois urgentistes engagés, Patrick Pelloux, Gérald Kierzek et Christophe Prudhomme, ont apporté leur soutien à Sabrina Ali Benali. Quant à Patrick Cohen, il vérifierait ses vérifications pour démentir son démenti…
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