Accord UE-Turquie : un an après, échec total
Amnesty International dresse un bilan dramatique de l’accord passé il y a un an entre l’Union européenne et la Turquie au sujet des migrants.
Triste anniversaire. L’accord qui lie l’Union européenne et la Turquie sur les migrants aura 1 an dans les prochains jours. Amnesty International a publié ce mardi un rapport qui revient sur ce mécanisme de renvoi, et alerte les pays qui seraient tentés d’appliquer le même procédé.
L’accord devait mettre en place le système de « un pour un » (un Syrien refoulé en Turquie pour un Syrien directement accepté en Europe) censé contenir l’arrivée de migrants. En échange, le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE devait s’accélérer. Ce renvoi systématique posait aussi la question des conditions d’accueil en Turquie, considéré comme un « pays sûr ».
« Situation dangereuse, désespérée et sans issue »
Le rapport d’Amnesty, intitulé « L’accord UE-Turquie : une politique de souffrance », dénonce les conditions de vie extrêmement difficiles pour les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants, qui restent bloqués sur les îles grecques, dans l’attente d’un possible renvoi en Turquie.
Les personnes sont regroupées dans des centres de détention surpeuplés, où l’alimentation est médiocre, les installations sanitaires insuffisantes et l’eau chaude absente. Ils subissent aussi des violences de la part des populations locales. Gauri van Gulik, directrice adjointe du programme Europe d’Amnesty International explique :
L’accord UE-Turquie est un désastre pour les milliers de personnes abandonnées à leur sort sur les îles grecques, dans une situation dangereuse, désespérée et apparemment sans issue.
Amnesty fustige la lenteur de l’administration (seulement un tiers des demandes d’asile ont été enregistrées), le nombre des renvois qui a largement augmenté et l’expulsion de personnes vers la Turquie en toute illégalité.
Vers un modèle dupliqué ?
Dès sa signature en 2016, l’accord avait été vivement critiqué par les organisations internationales : « Une marchandisation des êtres humains en échange de concessions politiques » (Oxfam), un accord « indigne » synonyme de « déshonneur » pour l’Europe (France terre d’asile), une « division des communautés, qui sème l’instabilité et qui trahit les valeurs de l’UE » (ONU).
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Des critiques qui se confirment après la publication de ce rapport d’Amnesty. L’association exige que les demandeurs d’asile soient « relocalisés vers d’autres États de l’UE », au lieu d’être bloqués en Grèce ou transférés en Turquie. Elle appelle la Libye, le Niger et le Soudan, trois pays intéressés par ce « modèle », à ne pas reproduire cet accord.
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