Entre Hamon et Mélenchon, le cœur du PCF balance
Sur fond de divergences avec la France insoumise pour les législatives, le parti de Pierre Laurent est profondément divisé.
dans l’hebdo N° 1442 Acheter ce numéro
La division entre Hamon et Mélenchon, voilà qui n’arrange pas du tout les affaires du PCF. L’épisode de la semaine dernière a creusé encore plus les divergences déjà existantes entre ceux qui, au sein du parti, prônent un rassemblement avec Jean-Luc Mélenchon et ceux qui préféreraient se ranger derrière Benoît Hamon.
Mardi 14 février, une pétition, qui compterait aujourd’hui un millier de signatures (dont celle d’André Chassaigne, de Didier Le Reste ou de Gaby Charroux), était publiée dans L’Humanité pour appeler le PCF à « sort[ir] de l’immobilisme » en appelant au « rassemblement de la gauche et des écologistes ». Le texte ne dit pas explicitement si cela impliquerait que le parti, qui a choisi par un vote en novembre de soutenir Jean-Luc Mélenchon, change de braquet pour soutenir Benoît Hamon.
Toujours est-il que la question se pose dans les plus hautes sphères, d’autant que les négociations sur les législatives sont au point mort avec la France insoumise, qui prévoit toujours de présenter ses candidats dans toutes les circonscriptions, y compris dans celles des sept communistes sortants. « Franchement, cette inflexibilité de Mélenchon est incompréhensible pour les camarades communistes, dit l’un d’entre eux. Il nous pousse dans les bras de Hamon. » « Mélenchon va être obligé de s’adoucir, sinon, ça peut très mal se terminer pour lui », menace un cadre du parti, sous-entendant ainsi que le parti pourrait le « lâcher » en rase campagne. « [Le] discours général [de Mélenchon] et son positionnement actuel l’éloignent des décisions et des objectifs politiques des communistes », expliquait, en des termes choisis, mais tout aussi clairs, Olivier Dartigolles dans Libé, lundi dernier.
Mais les communistes « mélenchonistes » n’ont pas dit leur dernier mot. Mercredi 15 février, ils publiaient sur le site du Journal du dimanche une tribune pour appeler leurs camarades à faire clairement le choix de Mélenchon, « seul candidat qui porte les espoirs de celles et ceux qui veulent rompre avec le “système” et les politiques suivies depuis dix ans ». « On appelle à en finir avec les combinaisons politiciennes du passé », explique Francis Parny, l’un des rédacteurs du texte, qui parle de « cassure au sein du parti ». « Beaucoup de communistes refusent aujourd’hui un retour à une alliance avec le PS, mais pendant ce temps-là, la direction négocie en douce des accords aux législatives avec le PS », accuse un pro-Mélenchon.
Un parti divisé, qui n’en est pas au schisme, mais qui compte dans ses rangs des militants diffusant sur les marchés des programmes de Jean-Luc Mélenchon et d’autres des programmes du PCF… Étrange situation qui pourrait ne pas s’arranger au fur et à mesure que l’échéance arrive. À moins – et cela semble peu probable – que Pierre Laurent réussisse à mettre tout le monde d’accord.