Israël-Palestine : Feu vert de Trump à l’apartheid
« Faites comme bon vous semble, et je vous soutiendrai », a-t-il en quelques sortes déclaré avec une incroyable légèreté.
dans l’hebdo N° 1442 Acheter ce numéro
Imaginez cette phrase : « Que l’on détruise ou non Israël, si Israéliens et Palestiniens sont contents, moi je suis content. » On en percevrait l’insondable sottise. C’est pourtant ce que Donald Trump a déclaré le 15 février à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Enfin, pas tout à fait, car dans la bouche du Président américain, ce sont les Palestiniens qui sont invités à se satisfaire de leur propre disparition, soit par annexion de leur territoire, soit par déplacement de population.
« Je regarde deux États et un État, et si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content avec la solution qu’ils préfèrent », a-t-il déclaré avec une incroyable légèreté. Était-ce une façon d’enterrer la solution à deux États défendue par la communauté internationale depuis 1947 ? Ou une façon de dire aux Israéliens : « Faites comme bon vous semble, et je vous soutiendrai » ? En tout cas, Benyamin Netanyahou s’est bien gardé de reprendre la formule à son compte. Contrairement à son ministre des Sciences, Ofir Akunis, qui s’est félicité de « la fin d’une idée dangereuse et erronée : celle de la création d’un État terroriste palestinien au cœur de la terre d’Israël ».
La prudence de Netanyahou s’explique par les incertitudes qui naîtraient de cette solution à un État, y compris pour Israël. Car il ne s’agirait évidemment pas d’un État laïque et démocratique, permettant aux juifs, aux musulmans, aux chrétiens et aux athées de vivre en paix. Il s’agirait d’un pays dans lequel la majorité palestinienne serait soumise à une loi d’apartheid. Une hypothèse qui placerait officiellement les juifs israéliens dans la situation de la minorité blanche d’Afrique du Sud avant Mandela.