Législatives : ça avance (un peu) entre le PCF et la France insoumise

Un compte rendu du Parti communiste sur une réunion sur les législatives avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a fuité. Il révèle que les tensions sont toujours vives entre les deux formations, même si les discussions progressent.

Pauline Graulle  • 28 février 2017 abonné·es
Législatives : ça avance (un peu) entre le PCF et la France insoumise
© Photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Où en sont les discussions sur les législatives entre le Parti communiste (PCF) et la France insoumise (FI) ? Un compte rendu de la réunion (la deuxième) qui se tenait à huis clos la semaine dernière a été rendu public par un militant communiste. Posté sur Facebook, le document, censé demeurer interne, a aussitôt suscité des commentaires désabusés ou agressifs.

À travers ce compte rendu rédigé par le PCF, on en sait plus sur ce qui coince et sur ce qui avance (un peu) sur la délicate élection qui s’annonce en juin. Rappelons que la France insoumise, face au refus du PCF de signer sa « charte » (lire ici), avait annoncé qu’elle présenterait des candidats dans la totalité des circonscriptions, y compris dans celles où se trouvaient des députés communistes sortant.

Lors de cette réunion, FI aurait proposé de lâcher un peu de lest : « Suite à nos demandes faites à la dernière réunion, rapporte le compte rendu, FI serait d’accord pour ne présenter aucun candidat face à des député-e-s sortants communistes à l’exception de Patrice Carvalho pour cause de désaccord politique. Ils pourraient donc se retirer devant André Chassaigne (Puy-de-Dôme) ; Pierre Dharréville (Bouches-du-Rhône), Nicolas Sansu (Cher) ; Fabien Roussel (Nord) ; Alain Bruneel (Nord), Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis), ainsi que face à certain-e-s de nos candidat-e-s dans les circonscriptions suivantes : Michelle Picard (Rhône) ; Sébastien Jumel (Seine-Maritime), Jean Paul Lecoq (Seine-Maritime), Elsa Faucillon (Hauts-de-Seine), Yasmine Boudjenah (Hauts-de-Seine), Stephane Peu (Seine-Saint-Denis). »

En échange, la FI aurait posé plusieurs conditions. D’abord, que les élus de ces circonscriptions donnent leur parrainage à Jean-Luc Mélenchon (ce qui n’est pas gagné, par exemple pour André Chassaigne). La formation de Mélenchon a ensuite avancé « le principe du 1 pour 1 (si FI retire un candidat – le PCF retire un candidat sur une autre circonscription gagnable) », ainsi que « le retrait de nos candidats à Montreuil, Gaylor Le Chequer (premier adjoint FDG) en faveur d’Alexis Corbière et, à Ivry, Pascal Savoldelli (VP 94, responsable national aux élections) en faveur de Mathilde Panot ».

Le compte rendu se poursuit ainsi : « Concernant les trois circonscriptions Compiègne Nord, Ivry, Montreuil, la délégation du PCF a été ferme, cela n’étant pas négociable, la circonscription de Patrice Carvalho étant menacée directement par le FN. Dans les deux circonscriptions citées ci-dessus, la capacité rassembleuse du PCF, avec un soutien citoyen, est incontestable. La présence de candidatures concurrentes de nos organisations politiques risque de contribuer à la réélection des députés sortants (PS) qui dans les deux cas ont été des soutiens sans faille de Hollande et Valls. Les candidats que nous présentions étant les mieux placés pour gagner. Nous leur avons demandé de nous faire la démonstration inverse, ce qu’ils n’ont pu faire. »

La France insoumise donne son point de vue

Contacté par Politis, Manuel Bompard, directeur de la campagne de Jean-Luc Mélenchon qui était à la réunion, a estimé que « les choses sont assez transparentes et factuelles ». Il a nié que FI ait demandé le retrait de quelque communiste que ce soit. « On n’empêchera pas le PCF d’avoir des candidats », a-t-il affirmé. Sur le cas Carvalho, Manuel Bompard a souligné qu’il était le seul député de gauche à avoir voté contre le mariage pour tous, d’où le désaccord politique. Quant aux circonscriptions de Montreuil et d’Ivry, « il s’agit de nos porte-parole nationaux », a-t-il justifié.

Manuel Bompard a aussi affirmé que FI était « prête à envisager les conditions d’un accord national, ce que le PCF ne dit pas [dans son compte rendu] parce qu’il n’en veut pas ». Pour les circonscriptions où des candidats communistes et FI s’affronteront, FI a avancé l’idée de mettre en place « un code de bonne conduite » : « Pas d’utilisation par nos candidat-e-s ni du logo Front de gauche, ni de l’image du candidat à l’élection présidentielle », note le compte rendu du PCF. « Cela me semble normal que des candidats communistes qui se présentent contre les candidats de France insoumise n’affiche pas la photo de Jean-Luc Mélenchon sur leur matériel de campagne, fait valoir Manuel Bompard. Quand au logo du Front de gauche, cela brouille le message. »

De son côté, la délégation du PCF présente à la réunion « a rappelé que le Front de gauche n’était pas la propriété de FI, ni d’aucun parti, note le compte rendu. Pour notre part, nous pensons que le Front de gauche n’est pas dissous politiquement et populairement. Nous ne comprenons pas leur demande puisque France insoumise n’est pas membre du Front de gauche. Concernant l’image du candidat, nous leur avons demandé d’expliciter. En effet, Jean-Luc Mélenchon est notre candidat. Nous avons donc appelé à faire preuve de bonne intelligence et notre délégation a répondu positivement sur l’idée de construire sur le terrain “un code de bonne conduite” en rappelant qu’il était mieux de nous concentrer sur notre ennemi commun qu’est la droite et l’extrême droite, et sur l’abstention qui reste forte à gauche. »