M. Macron, ni de gauche ni de gauche

Pour le dire autrement : M. Macron est de droite. Et cela explique les ovations des médias dominants.

Sébastien Fontenelle  • 8 février 2017 abonnés
M. Macron, ni de gauche ni de gauche
© Photo : Mathis Boussuge / Citizenside / AFP

Depuis qu’il s’est porté candidat à l’élection présidentielle, il en va des discours que prononce publiquement Emmanuel Macron comme des pentes – notoirement inclinées – du K2, deuxième plus haut sommet du monde : s’y pencher peut assez vitement provoquer, pour qui n’est pas rompu(e) à de telles performances, de terribles vertiges.

Car M. Macron, lorsqu’il pérore – dans des salles où se pressent dit-on des foules nombreuses, dont la psychologie devrait assurément être interrogée d’un peu près [1] –, parle dans un gigantesque vide : il enfile des banalités et compile des platitudes en escomptant, semble-t-il, que cela lui fera un viatique – et ces prestations lui valent d’être immédiatement ovationné par la presse dominante.

Ce 4 février, par exemple, M. Macron était à Lyon pour y tenir un meeting. Il y a notamment déclaré : « Nous vivons un de ces moments, rares, où le destin hésite. Où ce qui paraissait certain ne l’est plus. » Puis aussi : « Dans ces temps agités, nous ne pouvons plus promettre sans avoir en même temps l’exigence de faire. » Puis encore : « Nous ne pouvons plus continuer à tout faire comme avant. »

Un(e) enfant de 3 ans, si son point de vue était requis, serait forcément consterné(e) par tant de vacuité. Mais le commentaire sur Twitter de M. Leparmentier, qui est tout à la fois « directeur éditorial au Monde, co-animateur de “28 Minutes” sur Arte le jeudi et chroniqueur sur France Inter », fut, à l’unisson de ceux de nombre d’autres journalistes, infiniment plus indulgent : « Meeting réussi pour Emmanuel Macron. »

D’où viennent ces enthousiasmes ?

Il faut, pour les comprendre, s’arrêter peut-être à cette autre déclaration de M. Macron : « Je ne nie pas l’histoire du clivage droite-gauche, mais on a besoin de le dépasser. » L’on y reconnaît l’antienne, ancienne [2], de celles et ceux qui se font, en politique, une fierté de n’être « ni de droite ni de gauche ». Or, l’on sait de longue expérience que cette scie est en vérité une forme d’aveu : la confession que ces gens ne sont ni de gauche ni de gauche.

Pour le dire autrement : M. Macron est de droite. Cela se vérifie dans les rares moments où il met un (tout petit) peu de contenu dans son bavardage, pour expliquer par exemple, devant un parterre patronal – il fréquente peu le prolétariat –, que « l’entrepreneuriat est un vecteur d’émancipation [3] », et cela explique pourquoi la presse et les médias dominants lui font des ovations : eux aussi, après tout, fabriquent continûment du consentement à l’ordre capitaliste à grands coups de formules creuses.

[1] Mais il faudrait pour cela que j’obtienne enfin le troisième feuillet que je quémande pour cette chronique depuis le milieu du mésolithique.

[2] Je t’ai déjà dit que je suis arrivé deuxième au dernier championnat du monde d’allitérations ?

[3] M. Macron avait déclaré, au mois d’août 2015, inconscient peut-être que ces mêmes mots avaient auparavant été mis sur d’épouvantables frontons : « Le travail libère. »

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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