Mineurs isolés étrangers : Que fait la France ?
Le doute sur la minorité des jeunes réfugiés arrange trop souvent les administrations, qui rechignent à les prendre en charge.
dans l’hebdo N° 1439 Acheter ce numéro
Est-on moins un enfant quand on arrive seul en France d’un pays étranger ? Quand on a 18 ans et 2 mois plutôt que 17 ans et 9 mois ? La majorité, c’est le couperet pour les mineurs isolés étrangers (MIE). Avant, ils sont des enfants, pris en charge au titre de la protection de l’enfance, ont droit à un abri, à une éducation, à des soins médicaux et sociaux. Après, ils sont considérés comme des adultes en situation irrégulière, sauf s’ils obtiennent un contrat jeune majeur.
Pour ces jeunes, faire la preuve de leur minorité est une mission quasi impossible après un périple long et dangereux au cours duquel ils ont parfois pu perdre ou se faire voler leurs papiers. Même s’ils en possèdent, ceux-ci doivent être authentifiés, comme le relate Rozenn Le Berre (voir entretien), ancienne éducatrice qui dénonce les effets pervers de l’évaluation conditionnant la prise en charge des mineurs.
En France, aujourd’hui, le doute arrange les administrations, qui rechignent à prendre en charge un nombre croissant de MIE. Lesquels se retrouvent souvent à la rue, proies faciles pour les réseaux de traite et de prostitution. Des collectifs de citoyens s’organisent pour les accompagner, protester, dénoncer ce qui relève de la maltraitance. Mais la soixantaine de centres d’information et d’orientation pour mineurs isolés ouverts au moment du démantèlement de Calais devaient fermer au bout de trois mois. C’est-à-dire le 1er février. Et ils seront encore plus nombreux à dormir dehors, à retenter la périlleuse traversée vers l’Angleterre ou à craindre l’arrivée de la police dans un foyer inadapté à leur situation.
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