États-Unis : L’Obamacare résiste à Trump
L’inquiétant Président étatsunien a trouvé plus extrémiste que lui au Congrès.
dans l’hebdo N° 1447 Acheter ce numéro
Existerait-il aux États-Unis des « droitistes » comme on dirait des gauchistes ? Autrement dit, des courants politiques qui, à force de vouloir tout, n’obtiennent rien. C’est ce que semble démontrer l’échec de Donald Trump dans sa croisade contre l’Obamacare. Dans cette affaire, l’inquiétant Président étatsunien a trouvé plus extrémiste que lui au Congrès. L’aile ultra-libérale du Parti républicain, regroupée au sein du Freedom Caucus, a en effet jugé le texte proposé par Trump trop modéré. Ces « droitistes » exigeaient une éradication complète de la réforme de santé de Barack Obama. Ils ont menacé de mêler leurs voix à l’opposition démocrate qui, elle, à l’inverse, voulaient sauver l’Obamacare. Constatant qu’il n’avait pas de majorité, Donald Trump s’est finalement résigné à retirer son projet. C’est évidemment une bonne nouvelle pour les 26 millions d’Américains qui auraient été privés d’assurance maladie. Une bonne nouvelle aussi pour une opinion publique qui, selon les sondages, désapprouvait massivement le projet de Donald Trump. Mais c’est un double échec, à la fois politique et idéologique, pour Donald Trump. Politique, parce que le Président américain s’est montré incapable de convaincre sa propre majorité au Congrès, victime aussi de ses déclarations de campagne et du caractère bravache de ses annonces : on allait voir ce qu’on allait voir, et l’Obamacare ne ferait pas un pli. Ce que Barack Obama avait construit en de longs mois de bataille parlementaire, lui le réduirait à néant en quelques jours. Échec total.
Il sort affaibli de cet épisode qui survient après une autre défaite, contre les juges cette fois, dans sa tentative d’imposer un décret visant à interdire l’entrée aux États-Unis de ressortissants de plusieurs pays musulmans. Mais c’est aussi un échec idéologique. Le système d’assurance maladie institué par Obama représente à ses yeux quelque chose comme le début du « communisme ». Dans le discours libéral, un système de solidarité obligatoire, financé par l’impôt, contrevient gravement à la liberté individuelle. En moins de trois mois, ce sont donc deux batailles symboliques de la « doctrine » Trump qui ont été perdues. Sans compter que le milliardaire est sous la menace d’une enquête à propos de son éventuelle connivence avec Vladimir Poutine. Le Président russe est-il intervenu pour déstabiliser Hillary Clinton ? Et si oui, l’a-t-il fait en concertation avec l’équipe de Donald Trump ? Désireux de faire oublier ses ennuis, Trump a ouvert un nouveau front. Dès mardi, il signait un décret biffant d’un trait le « Clean Power Plan » de Barack Obama qui devait contraindre les États-Unis à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le texte prévoit d’annuler l’interdiction de nouvelles concessions de mines de charbon.