France 2 tombe de cheval à Sevran…
Après contre-enquête du Bondy Blog, le bar de Sevran « interdit aux femmes » selon France 2, était un PMU tout à fait classique.
dans l’hebdo N° 1445 Acheter ce numéro
Ah, que n’a-t-on pas dit de Benoît Hamon quand, sommé de commenter un sujet diffusé en décembre sur France 2 montrant un café à Sevran (Seine-Saint-Denis) où la non-mixité avait force de loi, il ne cria pas au loup ! De Valls à Philippot, de Fourest à Pécresse, « Bilal » Hamon se voyait accuser d’« islamo-gauchisme » et d’une complaisance coupable envers le communautarisme – musulman, il va de soi. Or, qu’apprend-on ? Que ce moment de noble polémique n’aurait jamais dû exister. Le Bondy Blog a publié le 10 mars une contre-enquête offrant une tout autre image du bar-PMU en question, le Jockey Club.
Il faut dire que l’auteure de cet article, Nassira El Moaddem, a appliqué une méthode on ne peut plus baroque : elle s’est rendue sur place à quatre reprises, dont deux sans prévenir, et y est restée plusieurs heures. Contrairement à la journaliste de France 2 qui, elle, a retenu toutes les leçons d’Albert Londres : pour son sujet d’1 minute 25, elle a fait l’économie d’un périlleux voyage en banlieue, préférant envoyer dans le lieu maudit deux militantes de l’association La Brigade des mères, équipées d’une caméra cachée – on a le goût de la révélation, sur France 2, pas de la spectacularisation. Résultat : sur le service public, il n’y a au Jockey Club « que des hommes, pas très accueillants », qui « rejettent les femmes ». Le patron – que l’on aperçoit sur les images si l’on en croit le commentaire – demande aux deux intruses d’« attendre dehors ».
À l’inverse, dans l’article du Bondy Blog, photos à l’appui, le Jockey Club est un bar-PMU banal, proposant bières et autres alcools. Les hommes y sont certes majoritaires – des « mordus de jeux de grattage et de paris hippiques » – mais on y croise aussi des femmes, des habituées pour certaines. Nassira El Moaddem leur donne abondamment la parole : elles disent leur plaisir à fréquenter cet endroit et le dégoût que le sujet de France 2 a suscité en elles.
La journaliste dresse aussi le portrait du patron, qui n’est pas l’individu désigné dans le reportage, mais une personne affable, blessée par l’opprobre jeté sur son établissement. C’est jouer avec le feu que de vouloir montrer, au mépris des faits, les ravages de l’islamisme dans les banlieues. Le Bondy Blog vient de prouver que ce pari-là était truqué.
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