Une semaine contre les paradis fiscaux

Du 1er au 7 avril, les associations se mobilisent à l’échelon international contre l’évasion fiscale.

Patrick Piro  • 29 mars 2017 abonné·es
Une semaine contre les paradis fiscaux
© photo : FRANK MAY/picture alliance/DPA/AFP

Un an après la révélation des Panama Papers, le monde associatif veut stigmatiser les États qui n’ont pas été à la hauteur de l’onde de choc planétaire : les sociétés écrans continuent à proliférer, les banques sont à peine inquiétées, les avancées sont minimes, la course au moins-disant fiscal s’accélère partout. L’Alliance globale pour la justice fiscale, regroupant des centaines d’organisations dans le monde, appelle donc à une mobilisation dans tous les pays, du 1er au 7 avril. En France, la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires abrite plusieurs événements [1].

Raphaël Pradeau, membre d’Attac, salue la convergence entre les organisations de plaidoyer et les mouvements portés sur l’action concrète : « Les alliances se sont renforcées. » L’association, qui explique « comment récupérer 200 milliards d’euros face à l’urgence sociale et écologique » [2], cible un groupe d’entreprises réputées pour leurs pratiques d’évasion fiscale et leur opacité financière. Le 13 mars, des militants ont symboliquement recouvert de blanc la vitrine d’une boutique Apple Store à Paris. BNP Paribas, Ikea, McDonald’s, Société générale, Starbucks et Zara sont dans le collimateur.

Le 3 avril, les candidats à la présidentielle sont invités à plancher sur ces questions lors d’un « grand oral » à Paris [3]. Et le 11 avril, Florent Compain, président des Amis de la Terre, est convoqué au tribunal de Bar-le-Duc (Meuse) pour son implication dans un « fauchage » de chaises intervenu dans une agence de la BNP Paribas, dans le cadre d’une série d’actions similaires menées entre 2015 et 2016 en « représailles » contre les banques qui détournent des milliards dans les paradis fiscaux. Le 9 janvier, à Dax (Landes), dans un procès similaire, la banque poursuivait Jon Palais, de l’association Bizi. La journée a été l’occasion d’une mobilisation exceptionnelle et le militant a été relaxé. À Bar-le-Duc, la banque a tenté un pas en arrière, renonçant à des dommages, mais pas au procès. « Cette stratégie hésitante montre leur perplexité », commente Florent Compain. Ses soutiens veulent transformer l’esplanade du palais de justice en un tribunal qui, comme à Dax, jugera la banque, grand contributeur à l’évasion fiscale en France.

[1] ActionAid France, Anticor, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Bizi, CGT, CGT finances, CCFD-Terre solidaire, CEO, Collectif Roosevelt, OCTFI, Oxfam, Sherpa, Solidaires finances publiques, Tournons la page, Transparency International France. www.stopparadisfiscaux.fr

[2] Rapport sur attac.org

[3] Salon Vianey 98, quai de la Rapée, Paris XIIe.

Économie
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