Bruxelles lance une procédure d’infraction contre la Hongrie

Deux heures avant que le président hongrois ne parle devant le Parlement européen, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une procédure d’infraction contre la politique de Viktor Orbán.

Malika Butzbach  • 26 avril 2017
Partager :
Bruxelles lance une procédure d’infraction contre la Hongrie
© photo : Dursun Aydemir / ANADOLU AGENCY

N ous avons décidé de lancer des mesure légales […] en envoyant une lettre de mise en demeure au gouvernement hongrois », a indiqué mercredi 26 avril Valdis Dombrovskis, l’un des vice-président de l’exécutif européen. Dans le viseur de l’Union ? La loi, controversée, sur les université adoptée le 4 avril. Celle-ci prévoit que les universités internationales présentes en Hongrie doivent disposer d’un campus dans leur pays d’origine. Si, selon le président hongrois, Viktor Orbán, cette loi vise 28 établissements et introduit « des règles uniformes », c’est surtout l’Université d’Europe centrale (CEU), à Budapest, qui est ciblée.

Une première étape

À Bruxelles, le recteur de la CEU, Michael Ignatieff, a demandé l’aide de l’Union européenne. « C’est la première fois depuis 1945, depuis la guerre, qu’un pays européen essaye de fermer une université libre. C’est un enjeu sérieux pour l’avenir européen et pour les valeurs européennes », avait-il déclaré la veille. Ce n’est pas tant le programme de l’université, spécialisée en sciences humaines et sociales, qui dérange le Président. À travers cette loi, il vise surtout le fondateur de cette université : George Soros. Ce multimilliardaire américain d’origine hongroise est connu pour ses idées libérales et soupçonné par le gouvernement de financer l’opposition politique.

La Commission européenne a affirmé disposer de suffisamment d’éléments prouvant que la loi de Viktor Orbán bafouait le droit européen, en particulier la liberté d’établissement et d’enseigner. La lettre envoyée constitue la première étape de la procédure d’infraction européenne, les autorités hongroises disposant d’un mois pour y répondre. Cette procédure, peut aboutir à une saisine de la Cour de justice de l’UE et, le cas échéant, à des sanctions financières contre le pays.

« Nous avons notre point de vue »

Reçu devant le Parlement européen, Orbán s’est vivement défendu. « Ne nous condamnez pas parce que nous avons notre point de vue », a lancé le dirigeant hongrois aux députés réunis en séance plénière et au vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.

Mais c’était une grande partie de la politique du président conservateur qui était mise en cause à Strasbourg. Ce dernier a dû, tour à tour, défendre son projet de loi sur la transparence des ONG et son refus d’accueillir les réfugiés. D’autres procédures d’infraction pourraient suivre, Frans Timmermans ayant souligné « de sérieux doutes » quant à la compatibilité avec le droit européen de la nouvelle loi d’asile, adoptée fin mars par la Hongrie, qui prévoit la détention systématique des migrants.

À lire aussi >> Hongrie : Une longue dérive autoritaire

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant