Emmanuel Macron : trois petits tours et puis s’en va
En tête du premier tour, Emmanuel Macron a prononcé quelques mots devant ses militants, puis s’en est allé. La victoire face à Marine Le Pen est presque assurée et le prochain enjeu se dessine déjà : les élections législatives.
Il est enfin apparu. Peu après 22h, dans cette immense salle du hall 5,3 du Parc des expositions de la Porte de Versailles, où seuls quelques centaines de militants l’attendaient impatiemment, Emmanuel Macron, n’a prononcé qu’une poignée de mots et puis s’en est allé. Un peu court tout de même.
Pourtant, dans la salle de 6 400 m2 louée pour l’événement, les quelques centaines de militants et sympathisants d’En Marche !, après s’être enlacés en entendant les résultats, ont longtemps attendu, dans une ambiance de dance-floor un peu surfaite. Les habituels petits drapeaux français étaient de rigueur, laissant paraître quelques pavillons européens.
« Tu le vois ? », a lancé Marika à son époux qui lui réponds par la négative. Cette ancienne communiste – pendant les années 1970 – attendra son champion jusqu’au bout. « Je vote Macron en électrice de gauche », affirme celle qui aurait rêvé être « une anarchiste » mais qui n’a jamais sauté le pas. « Macron est moderne, il sort du clivage droite-gauche : je ne voudrais pas voter à droite à l’insu de mon plein gré ! », s’exclame-t-elle. Autour d’elle, beaucoup de jeunes sont venus voir « la star ». Certains n’ont même pas l’âge de voter : « On est venus par curiosité… pour voir le futur Président. »
D’autres votaient en revanche pour la première fois de leur vie et ont opté pour le candidat d’En Marche !. « C’était le moins pire, il est nouveau, il ne trempe pas dans les affaires et il ne veut pas sortir de l’Europe », lance d’une traite Jérémy, 18 ans. Addisalem, 18 ans elle aussi, confirme. Pour cette étudiante qui se définit comme « sociale-démocrate », son candidat « veut une Europe de la coopération, pas de la confrontation. Nous vivons dans un monde mondialisé : on a besoin d’un peu de libéralisme et puis, c’était le seul candidat qui pouvait battre Marine Le Pen. Pour moi, il représente l’article 1 de la Constitution : la France indivisible », renchérit-elle.
« Président des patriotes face à la menace des nationalistes »
Sixte, 45 ans, originaire du Bénin, a préféré Emmanuel Macron après avoir voulu voter pour François Fillon. « Dès que les affaires sont sorties j’ai changé d’avis : on ne peut pas gouverner en étant mis en examen : ce n’est pas possible. Et puis il a une vraie dynamique. Il est plus jeune que moi, ça change ! »
Pourtant, dès qu’on aborde la question des législatives, les choses se corsent un peu. Lors de son discours, Emmanuel Macron a d’ailleurs rapidement abordé la question. Après avoir fait applaudir ses adversaires, il a rapidement évoqué la « majorité parlementaire à construire dès demain. » Pour lui, c’est déjà l’enjeu. Car, si l’on en croit les estimations, Emmanuel Macron devrait, sans surprise, prendre la place de François Hollande le 7 mai prochain, devançant Marine Le Pen.
Celui qui se veut « le Président des patriotes face à la menace des nationalistes », assurant une « alternance véritable », n’a cependant pas rendu publique la liste finale des candidats investis par En Marche ! pour les élections législatives. « C’est un peu tard, s’inquiète Sixte. Je ne connais pas le candidat d’En marche ! dans ma circonscription et je ne suis pas sûr de voter pour lui… Je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’Emmanuel Macron aura une majorité au Parlement et ça m’inquiète un peu. » Pour Marika au contraire, « il y aura une vague En Marche ! ».
Alexis, militant dans les Hauts-de-Seine, ne s’inquiète pas outre mesure : « Dès lundi, les députés de droite et de gauche viendront taper à notre porte. » La « rupture Macron » ?
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