En Marche ! mais pas d’« emmerdes »…

Macron a prudemment écarté Mohamed Saou, référent d’En Marche ! dans le Val-d’Oise.

Christophe Kantcheff  • 12 avril 2017
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En Marche ! mais pas d’« emmerdes »…
© photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

À quoi cela tient, la célébrité ? Une grosse menteuse prise la main dans le sac, niant le fait d’être un soutien de François Fillon, livre un nom en direct dans « L’Émission politique » consacrée à Emmanuel Macron : Mohamed Saou. Et avec quels stigmates ! Cet homme, référent d’En Marche ! dans le Val-d’Oise, proche, selon elle, « des idées des Indigènes de la République, du “refoulé colonial” » (sic), s’adonne au vice suivant : il « relaye les tweets de Marwan Muhammad », le directeur du Collectif contre l’islamophobie en France. Quelle horreur ! Et encore, elle n’a pas ajouté qu’il avait critiqué Manuel Valls et sa croisade anti-burkini, exprimé son soutien à Karim Benzema ou déclaré : « Je n’ai jamais été et ne serai jamais Charlie. »

En réalité, la menteuse – prof de son état, bel exemple donné à ses élèves ! – ne faisait que répéter ce qu’une de ses semblables dévotes de la laïcité avait écrit sur Facebook, quelques jours plus tôt. Céline Pina, auteure d’un livre intitulé Silence coupable, à qui l’on doit une comparaison décisive entre le voile et le brassard nazi (sur la chaîne Public Sénat) – comme quoi il est parfois préférable de se taire –, s’est en effet livrée à cette charge nuancée visant Mohamed Saou : « Force est de constater que les islamisto-serviles, ces défenseurs d’un islam identitaire qui tirent à boulets rouges sur la France, son esprit et ses principes, sont bel et bien présents dans la campagne de Macron et se voient confier des responsabilités notables. »

Dans l’émission de France 2, Emmanuel Macron, fidèle à lui-même, ne s’est pas aventuré sur le fond. Il a d’abord salué le « travail remarquable » accompli par l’accusé dans son département – il a en quelques mois multiplié par dix le nombre d’adhérents. Mais a aussitôt précisé lui avoir demandé « de se déporter de sa fonction », en raison de « cette polémique récente ». Une décision que le principal intéressé a commentée ainsi pour Mediapart : « Ils ne voulaient pas d’emmerdes. » La commission d’éthique d’En Marche ! a été saisie afin de déterminer si les propos qui lui sont reprochés « ont dépassé ou pas le cadre de la libre expression qui a cours au sein de notre mouvement », dit le dernier communiqué en date du secrétaire général, Richard Ferrand. Et voilà comment chez Macron on soutient un valeureux militant mis au pilori : cache-toi et, le cas échéant, tu expieras…

Culture
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