Le nouveau sarcophage de Tchernobyl ne sert à rien
Trente et un ans après l’explosion, la nouvelle arche de protection ne sera pas efficace avant un siècle, peut-être plus, pour protéger les populations de la radioactivité.
Cela fait trente et un ans que le réacteur ukrainien de Tchernobyl a explosé et, pour les humains, le risque couru, en Ukraine et dans le reste de l’Europe est toujours aussi grand. Le nouveau sarcophage installé à la fin de l’année dernière à grand spectacle n’a pas le moins du monde diminué les dangers. Malgré le milliard et demi d’euros qu’il a pour l’instant coûté. Et le nombre de millions d’euros inconnu que la construction a rapporté aux coconstructeurs Vinci et Bouygues.
En effet, ce que les responsables ont oublié de signaler au cours de leur campagne de communication et d’autosatisfaction, c’est que ce sarcophage n’est pas un rempart contre la dispersion de la radioactivité. Il ne le sera pas avant des années. Comme une police d’assurance hors de prix dont le terme n’est pas déterminé. Et ceci pour au moins deux raisons.
D’abord il n’est pas étanche et ne peux pas l’être puisqu’il reste des années de travail à faire à l’intérieur. Pour habiller et « construire » cette étanchéité ; et surtout pour préparer, si par hasard c’est possible, l’extraction des débris qui restent sous le vieux sarcophage qui, lui, fuit toujours. Réalité qui nous amène à la deuxième explication.
Des dizaines de milliers de tonnes à évacuer
Dans le cœur fondu il reste environ 200 tonnes d’uranium et de plutonium qui dégagent toujours régulièrement une pollution radioactive qui passe à travers les brèches de l’ancien sarcophage. De plus ce cœur, toujours en fusion à basse température, est recouvert par les structures écrasées de l’ancien bâtiment du réacteur. Des débris également radioactif auxquels il faut ajouter prés de 10 000 tonnes de poutrelles, de béton, de sable et de débris divers déversés par les volontaires soviétiques pour tenter « d’étouffer » la réaction qui se poursuivait après l’accident. Sans oublier le tonnage inconnu du béton assemblé dans le premier sarcophage pour isoler ce qui restait du bâtiment et de son réacteur. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour évacuer et mettre en sécurité cet imposant fatras de gravats dangereux. Ils devront passer, quand une solution pour les évacuer sera trouvée, à travers le nouveau sarcophage… et en sortir.
Enfin, le risque d’une brusque réaction et d’une explosion surgies du cœur qui balaieraient l’ancien et le nouveau sarcophage, n’est toujours pas écartée car nul n’a été voir depuis longtemps dans quel état se trouve le magma fondu du réacteur.
Ni argent ni solutions techniques
Pour l’instant, aucune solution technique n’est prête, à la fois pour extraire ces débris et pour les transporter on ne sait où. De plus, les spécialistes du démantèlement, l’Europe et l’Ukraine ne disposent pas actuellement du moindre financement pour mener à bien ces travaux. En attendant que les technologies et l’argent soient disponibles, les effluves radioactifs continueront donc à s’échapper pratiquement au même rythme qu’aujourd’hui.
Il est à craindre que la « tombe » de ce premier cadavre nucléaire empoisonne l’Ukraine et le monde pendant très longtemps. Au point que le délai envisagé se révèle largement supérieur à un siècle, la durée de vie « garantie » par les constructeurs du nouveau sarcophage qui n’aura été qu’un cache-sexe coûteux destiné à nous faire oublier qu’un accident nucléaire pollue pour des milliers d’années..
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