Réfugiés : Le mythe de l’appel d’air

L’expression, souvent entendue, a-t-elle seulement une réalité ? Ou ne sert-elle qu’à justifier des politiques d’accueil restrictives ?

Ingrid Merckx  • 26 avril 2017
Partager :
Réfugiés : Le mythe de l’appel d’air
© photo : SERGIO CAMACHO/STR/AFP

L’expression pourrait évoquer une inspiration. La fin de l’asphyxie. Mais « appel d’air » relève plutôt du registre de la gestion des « flux », avec un sous-entendu de trop-plein. Sauf qu’il n’est pas question de plomberie mais d’êtres humains, migrants ou réfugiés selon le sens que l’on donne à ces deux termes, mais dont chacun dit l’impérieuse nécessité de quitter une terre pour cause de guerre, de catastrophe climatique, de famine, de misère, de malheur, et peut-être tout à la fois. Ils arrivent dans des pays qui ont peur d’eux, et peur qu’ils soient nombreux. D’où la tendance, qui est partie de l’extrême droite et a contaminé jusqu’à une partie de la gauche, à ne pas « trop bien » les accueillir, afin que les suivants ne soient pas encouragés à prendre le même chemin.

Ainsi, nos sociétés se contentent de secourir au lieu d’offrir l’hospitalité, comme l’expliquent brillamment Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc dans La Fin de l’hospitalité (Flammarion). Incapables de penser un accueil conforme à leurs valeurs, les démocraties laissent l’extrême droite contrôler leur récit national. Calais, Lesbos, Lampedusa, mais aussi Vintimille, Tanger et Belgrade leur tendant un triste miroir. L’appel d’air a-t-il seulement une réalité ou ne sert-il qu’à justifier des politiques d’accueil restrictives ? À la « peur de l’appel d’air », on peut opposer le droit d’asile et une meilleure connaissance des migrations, comme le souligne le politologue belge François Gemenne dans ce dossier. Ou tout simplement ce qui mobilise des citoyens dans le Calaisis et la vallée de la Roya, porte de la Chapelle à Paris et dans des villes et des quartiers toujours plus nombreux : l’humanité.

À lire dans ce dossier :

• Un droit à l’hospitalité

• François Gemenne : « La France terre d’asile est une légende »

• Le cruel pouvoir des mots

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen
Presse 16 janvier 2025

La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen

Ce 17 janvier, l’investigatrice, convoquée au tribunal de Paris, a finalement évité des poursuites pour avoir révélé des secrets de la défense nationale. 110 organisations appellent à un renforcement du secret des sources pour la presse.
Par Maxime Sirvins
RSA sous conditions : une généralisation et des craintes
Enquête 15 janvier 2025 abonné·es

RSA sous conditions : une généralisation et des craintes

Depuis le 1er janvier, l’obtention du Revenu de solidarité active est liée à la réalisation de 15 heures d’activité hebdomadaires. Une réforme jugée absurde, aux contours encore flous, sans moyens, qui inquiète largement syndicats et associations.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Aucune piste crédible de changement de système de retraite n’existe à court terme »
Entretien 13 janvier 2025 abonné·es

« Aucune piste crédible de changement de système de retraite n’existe à court terme »

Alors que la question des retraites est de nouveau au cœur des débats politiques, l’économiste Henri Sterdyniak s’interroge sur le sens, pour le Parti socialiste, de soutenir le gouvernement s’il obtenait simplement un gel temporaire du recul de l’âge légal de départ à 64 ans.
Par Pierre Jequier-Zalc
Incendies en Californie : les stars d’abord
Sur le gril 13 janvier 2025

Incendies en Californie : les stars d’abord

Certains médias ont préféré s’émouvoir du sort des villas des vedettes plutôt que parler des personnes plus vulnérables ou d’écologie. Première chronique en partenariat avec le site Arrêt sur images.
Par Pauline Bock