Réfugiés : Le mythe de l’appel d’air
L’expression, souvent entendue, a-t-elle seulement une réalité ? Ou ne sert-elle qu’à justifier des politiques d’accueil restrictives ?
dans l’hebdo N° 1451 Acheter ce numéro
L’expression pourrait évoquer une inspiration. La fin de l’asphyxie. Mais « appel d’air » relève plutôt du registre de la gestion des « flux », avec un sous-entendu de trop-plein. Sauf qu’il n’est pas question de plomberie mais d’êtres humains, migrants ou réfugiés selon le sens que l’on donne à ces deux termes, mais dont chacun dit l’impérieuse nécessité de quitter une terre pour cause de guerre, de catastrophe climatique, de famine, de misère, de malheur, et peut-être tout à la fois. Ils arrivent dans des pays qui ont peur d’eux, et peur qu’ils soient nombreux. D’où la tendance, qui est partie de l’extrême droite et a contaminé jusqu’à une partie de la gauche, à ne pas « trop bien » les accueillir, afin que les suivants ne soient pas encouragés à prendre le même chemin.
Ainsi, nos sociétés se contentent de secourir au lieu d’offrir l’hospitalité, comme l’expliquent brillamment Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc dans La Fin de l’hospitalité (Flammarion). Incapables de penser un accueil conforme à leurs valeurs, les démocraties laissent l’extrême droite contrôler leur récit national. Calais, Lesbos, Lampedusa, mais aussi Vintimille, Tanger et Belgrade leur tendant un triste miroir. L’appel d’air a-t-il seulement une réalité ou ne sert-il qu’à justifier des politiques d’accueil restrictives ? À la « peur de l’appel d’air », on peut opposer le droit d’asile et une meilleure connaissance des migrations, comme le souligne le politologue belge François Gemenne dans ce dossier. Ou tout simplement ce qui mobilise des citoyens dans le Calaisis et la vallée de la Roya, porte de la Chapelle à Paris et dans des villes et des quartiers toujours plus nombreux : l’humanité.
À lire dans ce dossier :
• François Gemenne : « La France terre d’asile est une légende »
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