Bayrou à la Justice : un geste de gratitude politique
Le président du MoDem avait spectaculairement rallié le candidat Macron qui, une fois élu, le gratifie d’un ministère d’État très convoité dans la hiérarchie gouvernementale.
Le 1er février dernier, François Bayrou tweetait : « Je ne sais pas, à cette date, qui est Emmanuel Macron, quels sont ses projets et son positionnement, avec qui il veut gouverner. » Trois semaines plus tard, il se ralliait. Ce qui a, de l’avis de tous, marqué un tournant dans l’ascension du futur président. Voilà le maire de Pau nommé ministre de la Justice du premier gouvernement Macron. On peut dire qu’il est récompensé. Il revient de loin.
Rappelons qu’en septembre, l’ex de Bercy était encore pour Bayrou le candidat des « puissances financières » : « Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d’avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique […] Cela ne marchera pas. Je mènerai la bataille pour qu’il n’en soit pas ainsi. » Avant de poursuivre sur le centrisme de Macron : « Il ne suffit pas pour être du centre de dire qu’on n’est ni de gauche ni de droite. »
Dans la foulée, il déclarait que Macron est « le principal responsable de la politique économique de François Hollande depuis quatre ans ». « Pour quel résultat ? », faisait-il mine de s’interroger. Aujourd’hui, succédant à Jean-Jacques Urvoas, voilà François Bayrou à la tête d’un ministère régalien, et qui plus est, ministre d’État. C’est pour le moins un choix consensuel. En termes de programmes, en dehors de la moralisation de la vie politique, dont Bayrou se chargera directement, Emmanuel Macron n’a pas annoncé de réforme pénale, sinon promis 15 000 places de cellules supplémentaires pour seule réponse au désengorgement des prisons.
François Bayrou entre en fonction au moment où l’administration pénitentiaire est en crise et où la surpopulation carcérale bat des records, et alors que les tensions sont vives. À un moment aussi, et surtout pour une personnalité qui a toujours prôné l’indépendance de la justice, où les affaires et les convocations chez les juges touchent directement Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Pas moins…
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