Comment le pouvoir algérien cherche à contrer l’abstention

Plus de 20 millions d’Algériens sont appelés aux urnes aujourd’hui. La participation électorale, alors que les appels au boycott sont nombreux, est l’un des premiers enjeux de ces législatives.

Donia Ismail  • 4 mai 2017
Partager :
Comment le pouvoir algérien cherche à contrer l’abstention
© Photo: Billal Bensalem / NurPhoto

Samaa Saoutek, fait entendre ta voix », voilà le slogan martelé et placardé depuis plusieurs semaines en Algérie. C’est avec la peur d’un échec électoral retentissant que les bureaux de vote ont ouvert ce matin sur l’ensemble du territoire algérien ainsi qu’en France. Un taux de participation encore plus faible que celui de 2012, où seulement 43 % des inscrits sur les listes électorales s’étaient exprimés, reste l’une des hantises du gouvernement.

À lire aussi >> Algérie : Des élections pour rien ?

Dans un contexte politique terne où une crise économique sans précédent perdure, les autorités algériennes conscientes de la probabilité d’une telle catastrophe, ont mis en place plusieurs dispositions leur permettant de contrer cette baisse considérée comme fatale.

Une « autorisation spéciale d’absence rémunérée » valable le jour du scrutin a été accordée à « l’ensemble des personnels des institutions et administrations publiques, des établissements et offices publics, ainsi qu’aux personnels des entreprises publiques et privés tous secteurs et statuts juridiques confondus » pour leur permettre d’exercer leur droit de vote tout en étant rémunéré, précise un communiqué de la Direction générale de la fonction publique algérienne.

Appel à l’amour de la patrie

Tout à leur quête d’électeurs, les autorités ont également investi dans une forte campagne de communication appelant à l’aide des personnalités connues. Son but ? Cibler prioritairement les jeunes afin de rehausser le taux de participation.

Quant aux Algériens résidant en France, ils ont, pour certains, reçu de la part du consulat algérien un SMS. Ce dernier leur rappelle la nécessité de voter à cette élection présentée comme cruciale, tout en appuyant sur la corde sensible. C’est l’amour de la patrie qui ponctue ce court message reprenant de ce fait les paroles du président algérien Abdelaziz Bouteflika :

J’en appelle donc notamment à votre attachement à l’Algérie, pour répondre présent à l’appel du Devoir.

La composition de l’Assemblée du peuple ne sera révélée que vendredi matin. Il faudra donc être patient pour savoir si toutes ces incitations ont porté leurs fruits.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille