La France insoumise engage des poursuites judiciaires contre le PCF
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon veut porter plainte contre les candidats communistes qui, sans être investis par la France insoumise, utilisent la photo de son candidat. Un coup de semonce dans la guerre froide qui oppose les deux formations de gauche.
Le communiqué de presse vient de tomber. Cinglant. La France insoumise a décidé « d’engager des poursuites judiciaires » contre son « allié » de la présidentielle, le Parti communiste. La raison ? « Le PCF cherche à semer la confusion chez les électeurs qui ont voté pour le candidat de la France Insoumise en faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon », explique le mouvement qui dénonce une « usurpation ».
Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, évoque des tracts portant la photo du candidat à la présidentielle alors même que la France insoumise présente un ou des candidats sur le même territoire, comme celui-ci dans l’Oise :
« Cela fait plusieurs fois qu’on demande au PCF de faire quelque chose pour que ses candidats stoppent ces pratiques, mais rien n’est fait ! », s’insurge-t-il, précisant que si le PCF sévissait contre ces candidats, alors, aucune plainte ne serait déposée. « On a fait tout un travail de terrain pour Mélenchon, c’est normal qu’on revendique une partie du score, rétorque un militant communiste. Quand on collait des affiches partout à l’effigie de Mélenchon, là, la France insoumise ne nous disait rien ! »
Si le torchon brûle désormais entre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et le parti de Pierre Laurent, cela fait suite à des mois de guerre froide entre les deux formations. Cette nouvelle pomme de discorde autour de l’image du candidat a pour toile de fond de vieilles rancœurs autour du soutien, tardif et pour le moins distant, du PCF à la présidentielle. Mais aussi les inextricables discussions autour des législatives.
Les deux mouvements n’arrivent pas à s’accorder en vue des élections du mois de juin, pourtant déterminantes pour s’opposer à Emmanuel Macron – s’il est élu. Avec d’un côté, le PCF qui refuse de signer la charte de la France insoumise, et de l’autre, la France insoumise qui refuse de changer la stratégie qui a porté Jean-Luc Mélenchon à près de 20 % au premier tour de la présidentielle. « Il ne faut surtout pas qu’on retombe dans des discussions d’accords d’appareils, sinon, on n’aura plus du tout de dynamique », avance Manuel Bompard.
Ne voulant toutefois fermer aucune porte, nous avons noté qu’en cas de refus d’un accord national sur ces bases, vous proposez un retrait réciproque de candidats dans un nombre limité de circonscriptions. Vous avez cité le chiffre de 30 circonscriptions pour chaque force. Bien que beaucoup trop limitée à nos yeux, nous vous proposons, si vous maintenez votre refus à la proposition qui a notre faveur, d’examiner dès demain dans le détail cette proposition de repli.
Pour le moment, les discussions sont au point mort. Le PCF a fait plusieurs appels du pied par voie de presse. La France insoumise a adressé aujourd’hui un courrier pour proposer soit un accord national sous la bannière de la France insoumise, soit un accord de désistement réciproque sur 52 circonscriptions. Il fait écho à une lettre envoyée hier, par Pierre Laurent à Jean-Luc Mélenchon, où le leader communiste réitérait sa proposition de faire campagne ensemble, non dans le cadre de la France insoumise, mais un autre dénommé « La force du peuple à l’Assemblée nationale ». « Cette proposition respecte la place centrale tenue par notre candidat et peut être acceptée par tous », écrivait-il, avant d’ajouter, visiblement soucieux d’apaiser la brouille :
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé la rencontre de ce matin, se donne jusqu’à mardi prochain pour trouver une solution. Après cette deadline, les deux formations concurrentes se retrouveront sur le terrain pour en découdre lors d’une campagne législative qui s’annonce plus que jamais fratricide à gauche.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don