Paris, terre d’accueil ou terre d’écueil ?
Six mois après l’ouverture de la « Bulle », l’association Emmaüs Solidarité, qui en assume la gestion, se félicite d’avoir pu mettre à l’abri 10 000 personnes. Mais le bilan est controversé.
dans l’hebdo N° 1454 Acheter ce numéro
Au lendemain de la présidentielle, les migrants campant devant le centre de La Chapelle, à Paris, ont été évacués. Six mois après l’ouverture de la « Bulle », nom que lui vaut son sas d’accueil gonflable et amovible, l’association Emmaüs Solidarité, qui en assume la gestion, se félicite d’avoir pu mettre à l’abri 10 000 personnes. Mais le bilan est controversé : si l’hébergement se fait dans des conditions humanitaires dignes, il est restreint et conditionné à un système d’enregistrement des migrants, qui se retrouvent prisonniers de procédures kafkaïennes et déplacés de dispositif en dispositif. Lesquels s’empilent dans toute la France sous des noms et des tutelles qui égarent jusqu’aux professionnels qui y travaillent.
Le 9 mars, la Cimade a dénoncé « le côté obscur du centre Hidalgo ». Alors que nombre de migrants se réinstallent à Calais, les 1 600 évacués de La Chapelle auraient été conduits dans des centres d’hébergement d’urgence temporaires et aux emplacements tus pour limiter aussi bien les réactions hostiles que les élans de solidarité, qui se multiplient. Le délit de solidarité frappe pourtant toujours : le 12 mai s’est tenu à Paris le procès en appel de deux militants condamnés en 2015 pour avoir tenté de mettre à l’abri des Roms expulsés en plein hiver. Et une pétition circule pour faire voter au Conseil de Paris, le 25 mai, une délibération visant à protéger les centaines de mineurs isolés étrangers qui se retrouvent sans solution. Le 10 mai, six organisations ont réclamé l’ouverture d’une enquête sur la mort de Denko Sissoko, Malien de 16 ans qui s’est jeté le 6 janvier par la fenêtre de son foyer à Châlons-en-Champagne. Il tentait d’échapper à la police.
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