Calais : le Défenseur des droits dénonce des atteintes d’une « inédite gravité »

Vanina Delmas  • 14 juin 2017
Partager :
Calais : le Défenseur des droits dénonce des atteintes d’une « inédite gravité »
Photo : Des bénévoles bravent l'interdit de la mairie de Calais en distribuant de la nourriture aux migrants en mars 2017.
© PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les associations locales clament leur désarroi depuis des semaines mais les mots du Défenseur des droits pèsent plus lourds. « Conditions de vie inhumaines », « traque », « atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires »… Son constat est dramatique. En visite à Calais en début de semaine, les services de Jacques Toubon se sont entretenus avec des migrants et des bénévoles, entendant leurs récits et observant les multiples entraves des pouvoirs publics depuis plusieurs mois pour empêcher toute distribution de nourriture et d’eau, malgré une décision du tribunal administratif de Lille en mars dernier favorable aux humanitaires.

Le Défenseur des droits demande dès à présent la fin de cette sorte de traque, l’autorisation des distributions de repas, la mise à l’abri des mineurs sur place, la mise en place d’un lieu où les personnes peuvent se reposer, se ressourcer et envisager la suite de leur parcours migratoire.

Le Défenseur des droits note qu’entre 500 et 600 migrants « dorment à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations ». Une estimation plus proche de celle donnée par les associations que par les services de la préfecture. Il attire notamment l’attention sur la détresse des femmes, parfois enceintes : depuis la fermeture du centre Jules-Ferry, « aucun dispositif d’accueil ou d’hébergement ne leur semble accessible, alors même que la protection maternelle et infantile impose une telle prise en charge. » Même inquiétude pour les mineurs souhaitant toujours se rendre en Grande-Bretagne puisque « la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance implique, le soir et la nuit, un passage par le commissariat, ce qui rend particulièrement dissuasive la démarche. »

À lire aussi >> Une situation effrayante à Calais

L’Auberge des migrants et Utopia 56 avaient interpellé l’opinion publique et directement le président de la République sur la persistance et l’intensité des violences policières. Le Défenseur des droits incrimine directement l’État et « exhorte les pouvoirs publics à ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés. »

À lire aussi >> Calais : les associations s’indignent des violences policières quotidiennes

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Après Mazan, comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ?
Analyse 20 décembre 2024 abonné·es

Après Mazan, comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ?

La photojournaliste Anna Margueritat a suivi l’intégralité du procès des violeurs de Mazan. Après le verdict rendu jeudi 19 janvier, elle revient sur les violences entendues au quotidien et celles qui continueront.
Par Anna Margueritat
Mazan : tous coupables, et après ?
Parti pris 20 décembre 2024

Mazan : tous coupables, et après ?

Le procès des violeurs de Mazan s’est terminé jeudi 19 décembre, avec la condamnation des 51 hommes accusés. Il clôt une séquence judiciaire qui a été largement scrutée, et qui a révélé l’ampleur de ce qu’il reste à faire en matière de lutte contre les violences sexuelles.
Par Salomé Dionisi
De l’analyse faciale dopée à l’IA dans les bureaux de tabac, « des produits illégaux »
Surveillance 20 décembre 2024 abonné·es

De l’analyse faciale dopée à l’IA dans les bureaux de tabac, « des produits illégaux »

Depuis quelques semaines en France, un dispositif s’installe progressivement chez les buralistes. Le MyCheckr Mini permet, en théorie, d’estimer l’âge des clients pour limiter la vente aux mineurs. La Cnil et la Quadrature du Net s’inquiètent de l’atteinte potentielle aux libertés fondamentales.
Par Thomas Lefèvre
Chère appli, fais-moi des ami·es
Applications 18 décembre 2024 abonné·es

Chère appli, fais-moi des ami·es

La solitude, particulièrement dans les grandes villes, peut être un moment difficile, synonyme d’ennui, voire d’anxiété. Depuis quelques années, des solutions numériques permettent de rencontrer du monde pour partager des activités conviviales.
Par Élise Leclercq