Emmanuel Macron obtient une majorité absolue, moins forte qu’annoncée
Le PS ne conserve qu’une trentaine d’élus, la droite perd la moitié des siens. La France insoumise est en mesure de constituer un groupe d’opposition autour de Jean-Luc Mélenchon.
Emmanuel Macron a obtenu dimanche une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République, à l’occasion du second tour des élections législatives, mais moins écrasante qu’annoncée par certains sondages, et avec une abstention qui atteint de nouveaux sommets.
Selon les estimations de plusieurs instituts disponibles à 20 heures, La République en marche (LREM) et son allié du MoDem s’adjugent de 355 à 360 sièges, très largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges, mais a priori nettement sous la barre des 400 que laissait augurer le premier tour. Seul l’institut Elabe accorde au parti présidentiel entre 395 et 425 sièges. Cette majorité absolue (311 sièges selon Ipsos Steria) est acquise sans avoir besoin du MoDem (44 sièges). Emmanuel Macron a donc réussi ce qu’il qualifiait lui-même de « hold-up ».
Quand Emmanuel Macron parlait de "hold-up" à propos d'une majorité présidentielle "uniquement autour d'un parti" (28 février 2017 à Angers) pic.twitter.com/ORZo9KJGGX
— franceinfo (@franceinfo) June 14, 2017
Cette victoire est ternie par une participation historiquement basse. Les électeurs ont plus largement encore que dimanche dernier boudé les urnes ; l’abstention est proche de 57 %. Un niveau qui fragilise le nouveau pouvoir.
La droite enregistre une lourde défaite avec 125 sièges environ contre 240 en 2012. Les Républicains (LR), dont le président de groupe, Christian Jacob, est réélu en Seine-et-Marne, dominent largement cet ensemble avec 101 sièges contre 17 pour l’UDI et 7 divers-droite. Toutefois, plusieurs candidats LR macron-compatibles ont déjà fait savoir leur intention de constituer un groupe de députés « constructifs ».
Jean-Christophe Cambadélis, qui a annoncé sa démission de son poste de premier secrétaire, a très vite reconnu la « déroute sans appel » du PS. Après un quinquennat au début duquel il avait tous les pouvoirs (présidence de la République, Assemblée nationale, Sénat, régions, la grande majorité des départements et des grandes villes), le parti de François Hollande ne retrouve que 34 députés selon Ipsos Steria. Ses alliés divers gauche en obtiendraient 15, dont 2 seulement pour le PRG, selon la même source.
Le Front national n’est pas en mesure de constituer un groupe puisqu’il n’obtiendrait que 8 sièges, dont ceux de Marine Le Pen, élue dans la circonscription d’Hénin-Beaumont, et de son compagnon Louis Aliot, élu à Perpignan. Florian Philippot est en revanche battu.
Dans ce paysage politique chamboulé, la France insoumise s’en sort mieux que ne le laissaient prévoir les projections à l’issue du premier tour. Elle obtiendrait 19 députés, selon Ipsos Steria, ce qui lui permet de former un groupe sans avoir besoin de l’appoint du PCF (11 sièges). D’ores et déjà quelques-uns de ses candidats sont annoncés comme élus : François Ruffin, directeur du journal Fakir, dans la Somme ; Ugo Bernalicis (Nord), Alexis Corbière (Montreuil-Bagnolet). Mais aussi Jean-Luc Mélenchon à Marseille. Deux députés dans l’Ariège avec Bénédicte Taurine et Michel Larive élus à 50,28% et 50,56%. Ou Caroline Fiat qui a écrasé le FN dans la 6e circonscription de Meurthe-et-Moselle (61,36 %).
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