Front social : « La seule chose que l’on a c’est notre solidarité »

Syndicats, associations et citoyens se sont réunis sur la place de la Concorde pour protester contre « Macron, ses ordonnances et sa loi travail XXL ».

Malika Butzbach  • 19 juin 2017
Partager :
Front social : « La seule chose que l’on a c’est notre solidarité »
© photo : Zakaria ABDELKAFI / AFP

Au lendemain des élections législatives, le Front social lance sa troisième mobilisation en face de l’Assemblée nationale. « Aujourd’hui, c’est un tour de chauffe, sans mauvais jeu de mots », plaisante Éric Beynel de l’union syndicale Solidaires. Sous la chaleur, plusieurs centaines de personnes sont venues protester contre « le plan de destruction sociale massif » que représente le quinquennat d’Emmanuel Macron. Parmi eux, Loïc et Charlotte, étudiants, voient cette mobilisation comme un « coup de semonce ». « C’est pour leur montrer qu’on veille. Comme Macron n’est pas au pouvoir depuis longtemps, on ne revendique pas grand-chose, mais on le prévient qu’on est là », explique le jeune homme en secouant son tract pour brasser un peu d’air.

Comme les précédentes mobilisations, des syndicats (de la CGT, de SUD…) et des associations (Droits devant, Droit au logement…) prennent la parole. Romain Altmann, secrétaire général de la CGT Info’com à l’initiative du mouvement, souhaite _« un mouvement similaire à Nuit debout, doté d’une force organisatrice ». Mais, cette fois, il y a une nouveauté : des nombreux rassemblements ont lieu dans diverses grandes villes de France. À Nantes, on dénombre 200 personnes sur la place Bouffay et à Lyon, plus de 300 personnes sont descendues dans les rues.

© Politis

Une multitude de drapeaux

Au milieu de l’arc-en-ciel des drapeaux de la CGT, Sud ou encore CNT, de nombreuses personnalités syndicales sont présentes. Pourtant ceux-ci ne cachent pas leur rupture avec les confédérations qui « simulent une concertation bidon » avec le président de la République. En lançant des attaques contre la « loi travail XXL » et fustigeant les ordonnances, des syndiqués viennent au micro, comme Foued de Campanile Tour Eiffel, qui lance : « La seule chose que l’on a c’est notre solidarité ». Et même un membre de la CGT Préfecture de Police, dont l’intervention divise la foule : « On n’aime pas les flics », crie un groupe de femmes. « C’est un travailleur », leur rétorque un homme. S’ensuivent des huées cachées par les applaudissements.

Les drapeaux politiques aussi sont présents. « Il faut un lieu où se rencontrer et organiser l’opposition, explique Olivier Besancenot du NPA. Et personne ne peut incarner seul cette opposition face à Macron. » Les militants la France insoumise brandissent une banderole où est inscrit « Make our Code du travail great again ». Parmi eux, Anne tient le drapeau « phi » à la main. Si elle se réjouit de l’entrée des députés FI à l’Assemblée nationale, la militante qui a rejoint le mouvement de Jean-Luc Mélenchon il y a six mois, estime que le changement ne viendra pas que de là. « De toute façon, Macron n’a pas assez de légitimité pour lancer une politique de casse sociale », rétorque-t-elle. Pour la cinquantenaire et son groupe de militant, il était important de continuer la mobilisation après les échéances présidentielles.

Convergence des luttes

Mais loin de se contenter d’une intersyndicale ou d’un mouvement politique, le Front social s’ouvre à de nombreuse associations : la convergence des luttes est au centre. Au micro, le Collectif féministes révolutionnaires, Droits devant !! ou encore Ramata Dieng, sœur de Lamine Dieng et porte-parole de l’association Vies volées viennent témoigner et souligner la nécessité de combattre ensemble. Si la précarité concerne tout le monde, les plus touchés sont les personnes fragiles, marginalisées et minoritaires, expliquent-ils.

S’ils ne prennent pas le micro, les antifascistes sont présents aussi. Au cri de « Siamo tutti antifascisti », ils font le tour de la place de la Concorde mais restent bloqués par les policiers, d’où quelques ambiances tendues. Mais, inébranlable, le rassemblement suit son cours jusqu’à 20h30, aux sons de la Fanfare invisible ou encore l’1consolable. À la fin, les organisateurs appellent à d’autres rassemblements et affirment que 20 000 personnes se sont rendues dans les 35 rassemblements à travers le pays.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires
Quartiers 20 novembre 2024 abonné·es

2026 : un scrutin crucial pour les quartiers populaires

Assurés d’être centraux dans le logiciel insoumis, tout en assumant leur autonomie, de nombreux militant·es estiment que 2026 sera leur élection.
Par Hugo Boursier
« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »
Élections municipales 20 novembre 2024 abonné·es

« Les municipales sont vitales pour que La France insoumise perdure »

L’historien Gilles Candar, spécialiste de la gauche et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès, analyse l’institutionnalisation du mouvement mélenchoniste et expose le « dilemme » auquel seront confrontés ses membres aux élections de 2026 : l’union ou l’autonomie.
Par Lucas Sarafian