Unité syndicale contre la casse de l’Inspection du travail
Mardi 20 juin, entre 200 et 300 salariés et militants se sont rendus rue de Grenelle pour protester contre la baisse des effectifs de l’institution en charge de faire respecter le droit du travail dans les entreprises.
Tous là, de la CFDT à la CNT. C’est assez inédit », sourit Laurent. Inspecteur du travail, il est venu de Strasbourg pour la mobilisation nationale à l’appel de nombreux syndicats : CGT, CFDT, Unsa, Sud, Force ouvrière, FSU et CNT, où il milite. Tous dénoncent la baisse des postes dans l’Inspection du travail : depuis 2007, ils affirment les effectifs ont diminué de 20 %. Au pied de la tour Montparnasse, Dominique agite le drapeau de la CFDT. « En plus de mon poste sur un secteur défini, je travaille sur deux autres à des postes d’intérim, explique cet inspecteur du travail dans les Hauts-de-Seine. J’ai vraiment l’impression de rendre un mauvais service public : je ne traite que les urgences et je vois les dossiers qui s’accumulent… »
Ultimatum
« Lorsque j’ai passé le concours, en 2007, on recrutait 300 postes d’inspecteurs. Cette année, il n’y en a que 30 », témoigne Caroline. « Cela fait longtemps que les effectifs diminuent, mais ça se faisait de manière rampante : on ne remplaçait pas les départs à la retraite par exemple, souligne Aurianne de Sud. Mais là, c’est autre chose : on parle d’un plan de suppression de 150 postes ! Pour moi, c’est un peu un ultimatum : soit on arrive à construire une résistance, soit les politiques d’austérité ont gagné. »
D’ailleurs, la situation globale du service public se dégrade, déclare la jeune femme : elle qui travaille à Bobigny, elle a vu divers secteurs se mobiliser pour dénoncer leurs conditions de travail :
À chaque tract, c’est le même message, seul le nom de ministère change.
L’ombre de la loi travail fissure l’unité
La jeune femme s’amuse à prendre un selfie avec son collègue de la CFDT, « une photo rare » rigole-t-elle. Alors que les syndicats sont divisés, comme on l’a notamment vu à la manifestation du 1er Mai, ils sont unis aujourd’hui. Mais les différences sont tout de même visibles : alors qu’au micro, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la loi travail et les ordonnances de Macron, Dominique estime que ce n’est pas le sujet. « La loi travail et la baisse des effectifs au ministère du Travail ne sont pas liées. Ce sont deux choses distinctes. »
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Pourtant, Aurianne affirme que cette loi touchera aussi leur profession. « Même si on parle de simplification du code du travail, ça va surtout être un casse-tête sans nom vu que de nombreux textes vont se superposer. Nous serons donc d’avantage sollicités. » D’ailleurs, derrière la banderole de tête, cosignée par les organisations, on en voit une autre qui fustige les ordonnances. Celle-là n’est pas signée par la CFDT.
Divers soutiens à la mobilisation
Preuve que l’Inspection du travail touche tout le monde, la CGT Campanile Tour Eiffel, en grève depuis plus d’un mois, est venue apporter son soutien à la mobilisation. « Notre exemple montre à quel point on a besoin des inspecteurs du travail pour protéger les salariés », raconte Foued au micro.
Avant de partir pour le ministère du Travail, la manifestation est rejointe par un cortège de travailleurs sans papiers au cri de « Sans-papiers, nettoyeurs, inspecteurs, ensemble on va gagner. » Lorsqu’ils arrivent rue de Grenelle, la nouvelle tombe : les syndicats seront reçus prochainement au ministère.
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