Vent debout contre le Congrès
De l’UDI à la France insoumise, des parlementaires de tous bords ont décidé de boycotter le congrès convoqué par le Président, lundi 3 juillet à Versailles, veille du discours de politique générale du Premier ministre.
Une fois n’est pas coutume, c’est Jean-Christophe Lagarde qui a ouvert le bal. Pourtant député du groupe Les Constructifs : Républicains, UDI, indépendants, plutôt « Macron-compatible », il a annoncé sur Twitter dès mercredi qu’il n’irait pas à Versailles. Parce que « 1) C’est inutile et coûte cher 2) Ça rabaisse le gouvernement 3) Le président de la République n’a pas besoin de nous pour sa com. »
Jean-Luc Mélenchon est allé plus loin : il a annoncé que l’ensemble du groupe France insoumise ne se rendrait pas au château du Roi Soleil lundi, « lieu de la capitulation et de la monarchie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, dénonçant ce « coup de force, qui précède un coup d’État social » de la part d’un « monarque déjà plein de pouvoir » qui se transforme « en pharaon ». « Nous nous rebellons, nous ne nous soumettrons pas », a lancé Mélenchon.
« À quoi on va servir, nous tous, là-bas ?, a de son côté écrit François Ruffin sur son blog. À rien, on va juste l’écouter. Je ne crois pas qu’on m’ait élu pour ça. Je préfère bosser sur des dossiers, avec les gens, à leurs côtés. »
L’effet boule de neige a produit ses effets : les parlementaires communistes – du Sénat et de l’Assemblée nationale – se sont joints à ce boycott : « Nous n’irons pas à Versailles adouber le monarque présidentiel », ont-ils écrit dans un communiqué.
Les sénateurs EELV, désormais privés de groupe suite à la décision d’André Gattolin de rejoindre le groupe La République en marche, pourraient bien faire de même. En ce qui la concerne, Esther Benbassa l’a déjà annoncé et demande que « cet argent dilapidé pour un congrès inutile aille aux réfugiés » auprès desquels elle était, lundi dernier, à Calais.
Des élus socialistes se sont également joints au mouvement. L’ancien frondeur Régis Juanico menaçait déjà de rester chez lui au moment de l’annonce de ce congrès avant même que la date ne soit connue : « On assiste à une vassalisation de tous les corps intermédiaires. Je n’irai pas à Versailles car le président de la République ne fait pas un discours pour convenance personnelle, lançait-il. S’il s’agit d’écouter un discours du Président, j’ai une télé, merci. » Olivier Faure, chef des députés Nouvelle Gauche (ex-PS), s’inquiète aussi que le Président « renoue avec la conception la plus archaïque de la Ve République ».
Si Christian Jacob a assuré que son groupe Les Républicains ferait bien le voyage jusqu’à Versailles, Damien Abad, député de l’Ain, s’interroge sur l’intérêt de participer à une expression de la « présidence impériale » qui serait une « humiliation pour le gouvernement et pour Édouard Philippe, qui prononcera son discours de politique générale le lendemain ». Emmanuel Macron a déjà majestueusement réussi à réunir un large consensus contre lui.
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