« Y a rien qui sente bon comme ce truc-là »
Macron, aka Le Fléau Du Carbone, est surtout le gars qui a théorisé de remplacer nos trains par des cars.
dans l’hebdo N° 1457 Acheter ce numéro
Après que Donald Trump, président récemment élu des États-Unis d’Amérique, a retiré son pays de l’Accord de Paris sur le climat – lequel prévoit, rappelons, que les mêmes belles et grandes âmes qui ont inventé le napalm vont désormais se dédier à l’assainissement de notre atmosphère –, Emmanuel Macron, président plus récemment élu encore (et furiously polyglotte) de la France, a tweeté, in english : « To all scientists, engineers, entrepreneurs, responsible citizens who were disappointed by the decision of the US : come here with us to work together on concrete solutions for our climate, our environment. » Car : « We all share the same responsibility : make our planet great again. » (Je te traduis ça vite fait, pour le cas où t’aurais bêtement fait allemand première langue : « Toi, toi et toi, là, avec ton diplôme d’ingénieur [mais pas toi, Boubacar, s’il te plaît, toi, si t’essaies de te faufiler, tu vas très vite te retrouver dans un camp de rétention, pour qui tu m’as pris, bordel] : viens chez moi, on réduira nos émissions de CO2. » Car : « Nous devons faire notre petite planète grande encore. »)
Immédiatement, la presse hexagonale (où la servilité s’hisse ces temps-ci, t’auras noté, vers des altitudes everestiques) en a tiré la conclusion – je ne m’en remets pas – qu’Emmanuel Macron était le nouveau « leader du monde libre », aka [1] Le Fléau Du Carbone, aka Le Sauveur De Planètes, aka Tu Vois, Petit-e, Si Tu Peux Enfin Aller Ce Matin À L’École (Privatisée) Sans Ton Masque À Gaz, C’est Parce Qu’En 2017 Monsieur Macron A Bouté Les Pollueurs Avec La Même Mâ-â-â-âle Force Qu’Il Avait Avant Mise À Écraser Dans Sa Grande Main Les Doigts De Trump-La-Petite-Coiffeuse.
Et certes, dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars qui, lorsqu’il était ministre de l’Économie, a théorisé qu’il convenait de remplacer nos trains par des autocars : tu sens ça ? Est-ce que tu sens ? Le gaz d’échappement, fils. Y a rien qui sente bon comme ce truc-là. J’aime l’odeur du gaz d’échappement au petit matin [2].
Dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars qui, dans la même époque, a autorisé l’ouverture, en Bretagne, d’une mine d’or dont l’exploitation va bousiller son environnement.
Dans la vraie vie, M. Macron est surtout le gars dont l’élan, après son élection à la chefferie de l’État français, a été de s’entourer de collaborateurs venus des industries nucléaire et pétrolière.
Car, dans la vraie vie, où, comme le dit fort bien cette formule dont la simplicité ravit, « la première catastrophe écologique est le capitalisme », M. Macron est précisément, et non moins (du tout) que M. Trump, un capitaliste (très) conséquent. Ou, pour le dire un peu autrement : l’un de ces Terriens raffinés pour lesquels, dans la toute fin des fins, la perspective d’un profit justifiera toujours le moyen du rétrécissement d’une planète.
[1] Also known as (« également connu comme »: je précise pour les deux inconscient-e-s qui ont carrément pris le tagalog comme première langue).
[2] Pour une citation plus exhaustive : revoir Apocalypse Now.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.