Confiance au gouvernement : qui a voté quoi ?
Signe supplémentaire des reclassements politiques en cours, tous les groupes non membres de la majorité se sont divisés, à l’exception de La France insoumise.
Sans surprise, le gouvernement d’Édouard Philippe a obtenu mardi une large confiance de l’Assemblée nationale, avec 370 voix pour, 67 contre et 129 abstentions, selon les résultats annoncés par François de Rugy. C’est la plus forte majorité obtenue sur un tel vote depuis la période 1993-1997, où Édouard Balladur, puis Alain Juppé, avaient bénéficié d’une majorité supérieure à 450 sièges. Et c’est aussi le plus faible nombre de votes contre sur un discours de politique générale depuis 1959, en raison d’un record d’abstentions.
Ce vote consécutif à la déclaration de politique générale du Premier ministre était attendu. Après le profond renouvellement de l’Assemblée, il allait permettre de clarifier la position individuelle des députés, laquelle en cette période de décomposition et de reclassement politiques peut différer du groupe dans lequel ils siègent. Et donc savoir si par rapport à l’orientation nettement à droite du gouvernement, ils se situent dans la majorité (vote pour), « le marais » (abstention) ou l’opposition (vote contre).
L’analyse détaillée du scrutin est éclairante.
Si les 305 députés présents de La République en marche et leurs 46 collègues du MoDem ont unanimement voté la confiance, avec 12 des 23 élus du groupe « Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants », ils ont été rejoints par 1 député Les Républicains de Mayotte (Mansour Kamardine), 3 députés PS (Guillaume Garot, David Habib et Hélène Vainqueur-Christophe) et les 3 élus du PRG (Jeanine Dubié, Olivier Falorni et Sylvia Pinel).
La plus grosse surprise est venue de la droite : les trois quarts – 75 députés – des 100 députés du principal groupe dit « d’opposition », Les Républicains, se sont abstenus, marquant ainsi une demi-approbation de la politique annoncée. C’était aussi la position officielle du groupe Nouvelle Gauche, qui regroupe les députés socialistes ; 23 de ses 31 élus ont ainsi choisi de rester dans une semi-opposition. Comme leurs 23 collègues de droite du groupe « Les Constructifs », 4 des 5 ultramarins qui siègent dans le groupe GDR présidé par le communiste André Chassaigne, et les 3 régionalistes corses (non inscrits).
Comme l’avait annoncé Jean-Luc Mélenchon à la tribune en portant la réplique à Édouard Philippe, la France insoumise (LFI), avec ses 17 membres, a été le seul groupe à voter unanimement contre. Ils ont été rejoints par les 11 députés communistes et un ultramarin du groupe GDR, et 5 élus socialistes (Joël Aviragnet, Luc Carvounas, Alain David, Régis Juanico et Boris Vallaud). Les autres « contre » se recrutent chez Les Républicains (23) et à l’extrême droite (10).
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