Espagne : accord en demi-teinte entre Podemos et les socialistes
Les partis de Pablo Iglesias et de Pedro Sánchez ont annoncé la création d’une instance commune de débat parlementaire le 18 juillet dernier.
Réel rapprochement entre les socialistes espagnols et Unidos-Podemos ? Les deux formations qui avaient échoué à s’entendre pour faire barrage à la droite conservatrice de Mariano Rajoy (Partido Popular) lors des dernières élections générales viennent de reprendre le dialogue en annonçant la création d’une instance commune de débat parlementaire. Cet espace de discussion privilégié, largement axé sur les thématiques sociales, affiche de prime abord des airs de réconciliation. Il est vrai que depuis l’échec des négociations de gouvernement, Pedro Sánchez, qui incarne l’aile la plus à gauche des rangs socialistes, a repris le contrôle de sa formation. Évincé dans un premier temps par les barons du parti en raison de son opposition farouche à l’abstention socialiste ayant permis la victoire du Partido Popular, Sánchez a été réélu secrétaire général du PSOE par les militants socialistes avec 50 % des voix lors des primaires de mai.
Podemos et les socialistes vont-ils pour autant réussir à construire un espace d’opposition commun, capable de peser face au gouvernement ? Rien n’est moins sûr. Comme le rappelle le politologue Pablo Simón, « Unidos-Podemos et le PSOE ne comptabilisent en tout que 156 sièges : c’est insuffisant pour contrer la majorité qui appuie le gouvernement ». D’autant plus qu’en dehors de leurs éternels points de divergence, dont l’épineux sujet du référendum catalan soutenu, bien qu’avec des réserves, par la confluence catalane de Podemos, l’alliance montre déjà des signes de fragilité. À commencer par l’absence totale d’initiatives parlementaires communes et d’agenda officiel impliquant les deux formations dans ce nouvel espace de discussion. Pour le politologue, la création de cette instance reflète avant tout « un nouveau positionnement stratégique n’impliquant pas forcément de réelle collaboration ». Ce coup de communication aux airs de mariage blanc sert en effet les deux partis : « Le PSOE a besoin de changer l’image de droitisation qui lui colle à la peau depuis qu’il a permis l’investiture de Rajoy » rappelle le journaliste Iván Gil. De son côté « Podemos a bien compris que la stratégie de confrontation directe avec le PSOE ne peut plus servir car avec Pedro Sánchez, c’est le candidat le plus anti-establishment qui a gagné » ajoute Pablo Simón.
L’accord tiendrait ainsi plus du pacte de non-agression que d’une réelle stratégie de coalition. Mais dans ce nouveau registre de neutralité, les violons de la gauche espagnole semblent toujours avoir du mal à s’accorder.
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