Franz-Olivier le gavé
Les syndicats se gavent de subventions, selon FOG, du Point, gavé de subventions.
dans l’hebdo N° 1463 Acheter ce numéro
Franz-Olivier Giesbert (FOG), éditorialiste chez Le Point – après avoir longtemps dirigé cette contrastée publication –, voue aux syndicats en général et à la Confédération générale du travail (CGT) en particulier une haine féroce. En 2014, par exemple, il écrivait : « La vérité oblige à dire que la CGT est au syndicalisme ce que le FN est à la politique. »
Deux ans plus tard, en 2016, il se lançait dans cette « comparaison » abjecte, dont lui-même concédait d’ailleurs qu’elle pouvait paraître « scabreuse » mais jugeait, drapé dans son iconoclastie à deux balles, qu’il fallait cependant « oser la formuler » : « La France est soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT. » (Puis de préciser : « Il va sans dire que ces deux organisations minoritaires ne sont pas de même nature, rassurons tout de suite la police de la bien-pensance. Mais, sur le plan tactique, elles peuvent avoir recours aux mêmes armes. L’intimidation, notamment. »)
Le propos, infâme, n’était pas complètement neuf : quelques semaines plus tôt, Pierre Gattaz, président du Medef, avait déjà excrété, dans le cours d’un entretien avec un journaliste du Monde, que les syndicalistes de la CGT mobilisés contre la loi dite El Khomri se comportaient « comme des terroristes ». Mais le patron des patrons avait du moins regretté, après le tollé suscité par cette saillie, d’avoir employé « un mot inadapté ».
Giesbert, tout au contraire, avait quant à lui redoublé ses injures : « Je persiste et je signe, n’en déplaise aux sites tenus par la police de la bien-pensance (Mediapart, L’Express_, Le Huffington Post, etc.) ou aux twittos, avatars des chiens de Pavlov dont les clabaudages rappellent à bien des égards ceux de la “populace” robespierriste qui a tant ensanglanté la Révolution française. Tel est le climat dans cette France des passions tristes, réveillée par la CGT. »_
Et le voilà, décidément rongé par son obsession, qui, cette semaine – et toujours dans Le Point –, accuse « les syndicats » de « vivre sur la bête, donc le contribuable », puisque, explique-t-il : « Beaucoup d’entre eux se gavent toute honte bue de subventions publiques. »
Ce que lisant, je me suis évidemment rappelé que Franz-Olivier Giesbert, qui fait aussi l’animateur chez France Télévisions, travaille depuis quatre longues décennies pour des journaux et magazines – Le Nouvel Observateur, puis Le Figaro, puis donc Le Point – que l’État nantit chaque an de (fort) gras subsides, au titre des aides publiques à la presse. Même : je me suis remémoré que, pour les seules années 2012 à 2014, lorsque FOG le dirigeait, Le Point avait ainsi reçu près de 13 millions d’euros.
Et j’en ai bien évidemment tiré cette conclusion – la seule possible, si l’on veut bien faire l’effort d’adopter son point de vue : le gars, depuis quarante ans, se gave tranquillement de subventions publiques. Depuis quarante ans, pour le dire en usant de ses propres tournures, il vit sur la bête, donc le contribuable.
T’as pas honte, franchement ?
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.