Les femmes ne sont pas l’avenir de Macron
« L’égalité entre les hommes et les femmes sera une cause nationale », déclarait le candidat Macron…
dans l’hebdo N° 1464-1466 Acheter ce numéro
L ’égalité entre les hommes et les femmes sera une cause nationale. » Le 2 mars dernier, alors qu’il présente à la presse son projet présidentiel, le candidat Macron prend cet engagement solennel. « Les femmes sont aujourd’hui sous-représentées, elles sont l’objet de violences, de harcèlement, parce qu’une forme de consentement tacite s’est trop longtemps installée dans la société, dans la vie professionnelle, s’est même trop longtemps installée dans la vie politique. » Voilà un homme qui a fait le bon diagnostic, prêt à tout chambouler pour instaurer la justice entre les sexes. L’avenir des femmes, c’est Macron !
Devenu président, que se passe-t-il ? Onze ministres femmes sur 19, mais pas de ministre d’État – et encore moins de Première ministre (« J’aimerais que ce soit une femme », avait tweeté Jupiter, avant de se rendre compte, sans doute, qu’elles n’ont pas le niveau). Aucune à la tête d’un groupe à l’Assemblée nationale. Au 5 juillet, les 224 députées, représentant 38,8 % des élus, totalisent 3,58 % du temps de parole. Cause toujours moins, tu m’intéresses… Puis arrive l’épisode malheureux de l’audit du budget 2017 réalisé par la Cour des comptes, entraînant – « ô surprise ! » – des ponctions dans les ministères.
Dont celui de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui a essayé d’y échapper en niant le réel. « Fake news ! » (traduction : « C’est même pas vrai ! »), a-t-elle jargonné quand des associations féministes ont révélé que son budget subirait une coupe de 25 %. Pas facile d’être primo-ministre sous les ordres d’un adepte du pouvoir pyramidal. Il faut apprendre rapidement le boulot en même temps qu’avaler des couleuvres. Peu de temps après, le Journal officiel confirme l’ampleur du mal, la secrétaire d’État se lance alors dans des explications sur des économies de photocopies et de timbres-poste, mais surtout pas aux dépens des femmes en maltraitance. Devant la dépouille de Simone Veil, le Président s’est montré lyrique et vigilant. « [Ses combats] ne sont pas des victoires acquises pour toujours, ce qui les a fait naître ressurgit sans cesse, ici ou ailleurs, aujourd’hui malheureusement dans trop d’endroits en Europe et au cœur de nos sociétés. » Souvent Macron varie, bien fol est qui s’y fie !
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