Marché du travail : les enfants d’immigrés maghrébins en situation défavorable
Selon une étude publiée par l’Insee la semaine dernière, les descendants de personnes originaires du Maghreb sont en situation défavorable en termes de rémunération et d’emploi.
Q uel que soit le moment de leur carrière, les descendants d’immigrés maghrébins sont moins souvent en emploi que les personnes sans ascendance migratoire. » C’est ce qui ressort principalement de l’étude « Emploi, chômage, revenu du travail » publiée par l’Insee le 4 juillet dernier. Le taux de chômage des hommes descendants d’immigrés maghrébins est en effet plus de deux fois supérieur à celui des hommes sans ascendance migratoire dans les dix années qui suivent la fin des études – 36% contre 16%. L’écart, de 20 points, se réduit à 11 points au-delà de trente ans d’ancienneté sur le marché du travail.
Même si les descendants d’immigrés maghrébins sont plus jeunes et moins diplômés – la part de diplômés du supérieur parmi eux est inférieure de plus de 10 points à celle des personnes sans ascendance migratoire –, cela n’explique qu’en partie les écarts mesurés. Car si les descendants d’immigrés maghrébins présentaient les mêmes caractéristiques – diplômes, âge, origine géographique, etc. – que celles des personnes sans ascendance migratoire, le taux de chômage de cette population s’élèverait cette fois à 29 % pour cette population. En outre, il subsiste, malgré des caractéristiques similaires, un écart de 13 points, où se logeraient donc des facteurs de discriminations difficilement mesurables.
En ce qui concerne la rémunération, les 10 % des descendants d’immigrés maghrébins les mieux rémunérés perçoivent 18 % de moins que les 10 % des hommes sans ascendance migratoire les mieux payés. Les femmes descendantes d’immigrés sont plus souvent inactives que les femmes sans ascendance migratoire. La probabilité pour ces salariés d’accéder à un salaire mensuel supérieur à 3 000 euros est plus faible que pour ceux sans ascendance migratoire, qu’il s’agisse de femmes ou d’hommes.
Publiée en 2016, l’enquête « Trajectoire et origines » de l’Insee dressait déjà un constat similaire. Par ailleurs, en 2008, les études de la chercheuse Marie-Anne Valfort, reprises par l’économiste Thomas Piketty, y incorporait une dimension religieuse : « Ce n’est pas seulement l’origine extra-communautaire qui est source de discrimination de la part des recruteurs. L’appartenance probable à la religion musulmane du Français d’origine maghrébine – le Maghreb étant à forte majorité musulmane – semble constituer un handicap de plus pour lui », expliquait-elle.
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