Deliveroo : « Pédaler pour manger, pas pour se faire bouffer »
Les livreurs à vélo ubérisés se sont mobilisés aujourd’hui et hier dans plusieurs villes de France. Avant une journée de grève européenne le 27 septembre.
Aujourd’hui et hier, les livreurs à vélo, ceux de Deliveroo en tête, ont manifesté un peu partout en France. L’objet de la colère ? Un nouveau mode de tarification imposé par la plateforme britannique à tous les livreurs, induisant baisse de revenus et donc davantage de prise de risque sur les vélos, pour aller plus vite.
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Cet après-midi, les livreurs mobilisés et une centaine de soutiens – syndicalistes Sud et CGT, militants de la France insoumise, du PCF, du NPA, de Lutte ouvrière… – ont défilé à Paris, de la place de la République au siège de Deliveroo France, situé rue des Petites-Écuries dans le Xe arrondissement. Des rassemblements étaient également annoncés à Bordeaux, Lyon et Nantes.
Dans la capitale, les slogans « Et les restos on les bloquera, autant qu’il le faudra / Et les commandes on prendra pas, autant qu’il le faudra », « Livreurs en colère, on va pas se laisser faire », ou encore « On veut plus pédaler, sans être payés / Deliveroo, tu vas manger » ont émaillé avec humour une manifestation courte mais dynamique.
L’objectif : obliger Deliveroo à recevoir une délégation de livreurs et de syndicalistes pour faire valoir leurs revendications. Et notamment la première d’entre elle : le paiement de 7,50 euros par course. Hélas, une fois le cortège arrivé devant le siège sous la lumière d’un fumigène, le patron de Deliveroo, Hugues Décosse, a finalement refusé de recevoir qui que ce soit, contrairement à ce qu’il avait laissé entendre au préalable.
« Sans doute a-t-il jugé que le rapport de force était trop en notre faveur », selon Jérôme Pimot, un des porte-parole du Clap (Collectif des livreurs autonomes parisiens). S’attendant à voir débarquer quelques dizaines de livreurs sur lesquels il aurait pu faire pression, la direction a sans doute préféré reculer que de devoir parlementer avec des syndicalistes.
Hier, dimanche 27 août, à Paris, une quarantaine de livreurs de Deliveroo mais aussi d’autres plateformes, rejoints par plusieurs dizaines de sympathisants, s’étaient déjà rassemblés place de la République. Cette relative faiblesse numérique ne décourage pas les organisateurs. Déjà, parce qu’il est plutôt logique que des livreurs qui risquent de se voir déconnectés de la plateforme au moindre faux pas, ne souhaitent pas apparaître dans une manifestation publique contre leur employeur. Ensuite, parce qu’il n’est pas nécessaire d’être nombreux pour marquer les esprits.
Dimanche soir, l’action prévue après les quelques prises de parole consistait à aller par petits groupes à la rencontre des restaurateurs utilisant les plateformes pour les convaincre d’éteindre, au moins quelques heures, leur tablette. Un geste de solidarité avec les livreurs que nombre de petits restaurants ont accepté de faire, témoignant aussi d’une mésentente latente avec Deliveroo : si les livreurs sont les premiers concernés, les restaurateurs aussi se font spolier par la plateforme, et se déconnecter est aussi une marque de mécontentement.
Si le refus de déconnexion entraînait l’installation d’un piquet de grève devant le restaurant, ce moyen de rétorsion n’aura pratiquement pas dû être utilisé. Et l’ambiance est demeurée bon enfant, témoignant que la violence dont Deliveroo tente d’accuser ses livreurs rebelles n’est décidément pas de leur côté.
À Nantes également, cette forme de grève d’un nouveau genre a été mise en place dimanche soir, à l’initiative d’une trentaine de livreurs. Inscrit et acceptant des commandes, ceux-ci ne les prenaient pas et, au contraire, s’installaient devant les restaurants pour convaincre leurs collègues de ne pas emporter les plats. Un slogan tagué sur une pancarte résumait leur démarche : « Pédaler pour manger, pas pour se faire bouffer. »
Le combat ne s’arrêtera pas là, même si les livreurs savent qu’ils sont dans une position difficile pour faire monter la pression. Déjà, les livreurs mobilisés annoncent leur présence à la manifestation du 12 septembre contre la loi travail XXL. Et, le 27 septembre, est d’ores et déjà prévue une grève des livreurs à vélo à l’échelle européenne, avec des mobilisations en France, Angleterre, Espagne, Italie et Allemagne. Car, les livreurs en sont persuadés, c’est en élargissant la lutte à l’échelle la plus large possible qu’ils obtiendront gain de cause.
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