Louons la limace au lieu de la mépriser !
Une équipe de l’université d’Harvard a publié une étude qui devrait rendre à la limace ce qu’on lui doit.
dans l’hebdo N° 1467 Acheter ce numéro
Trump, Neymar, Maduro, Kim Jong-un, Macron et consorts… Ah !, comme ils nous ont bien occupés cet été, les grands de ce monde ! Et je parie sans risque qu’ils n’ont pas fini de focaliser nos regards médiatiques. Les importants ne font-ils pas l’Histoire, dont on ne se lasse de retracer la geste épique, le mouvement glorieux et le pas puissant ? Justement, à propos de pas puissant… Je souhaite ici attirer l’attention sur une population qui en est parfois la victime – crime prémédité ou non –, tenue pour un peu moins considérable mais malgré tout nuisible, et que l’on n’écrase jamais sans dégoût : je veux parler de la limace.
Les jardiniers en ont fait leur ennemi juré, parmi d’autres espèces qui, comme elle, viennent se taper la cloche dans les potagers. C’est un mano a mano que se livrent ces deux-là – enfin, façon de parler, puisque le gastéropode, comme on le sait sans doute, est privé de membres. Ce combat a sa superbe, surtout si l’homme, pour repousser la gloutonne, use de trucs de grand-mère (la sciure de bois, les branches de conifères…) et non de pesticides.
Mais pourquoi diable la limace n’est-elle pas mieux considérée ? Parce que son aspect visqueux n’engage pas au rapprochement ? Parce qu’elle traîne sur les chemins à des heures louches, quand le jour décroît ? Ou parce qu’elle ne sourit pas assez (sans bras, l’animal est néanmoins doté – on l’ignore trop souvent – d’une bouche et de petites dents !) ?
Au cœur de l’été, le 28 juillet, une équipe de l’université d’Harvard a publié une étude qui devrait rendre à la limace ce qu’on lui doit. Les scientifiques se sont en effet penchés sur les qualités du mucus produit par le mollusque, qui lui permet non seulement de se mouvoir mais de se défendre contre ses prédateurs en l’arrimant au sol quand elle est attaquée. Eh bien, ce que ces chercheurs nous révèlent de cette substance poisseuse, c’est qu’elle peut offrir « des adhésifs et des pansements pour tissus biologiques et un matériau de réparation des tissus lésés » (cf. Le Monde du 15 août), permettant ainsi de refermer des plaies internes en chirurgie cardiaque et de reconstruire des vaisseaux en chirurgie mini-invasive. La limace est une exquise créature. Son art est de savoir baver.
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