Ordonnances : les syndicats inquiets
Les organisations de salariés sont au moins reservées, sinon très remontées, contre le contenu des textes modifiant le droit du travail présenté ce matin.
Les représentants des organisations syndicales et patronales représentatives se sont exprimées dès la sortie de la rencontre multilatérale qui s’est tenue ce matin, avant le dévoilement du contenu des ordonnances réformant le Code du travail.
Philippe Martinez, pour la CGT, a réagi vivement : « Toutes les craintes que nous avions se sont confirmées. » Il a donné en exemple la possibilité qui sera accordée aux entreprises de négocier les primes d’ancienneté – qui constituent parfois « une partie importante du salaire mensuel » –, ainsi que « la fin du contrat de travail », puisque les salariés pourraient désormais être licenciés en cas de refus d’accepter un accord d’entreprise. Il a regretté qu’aucune évaluation de l’efficacité des précédentes réformes du droit du travail n’ait été effectuée. Il a enfin appelé l’ensemble des « travailleurs, retraités et jeunes » à participer à la journée d’action du 12 septembre, « plus que jamais d’actualité ».
Même Laurent Berger, pour la CFDT, syndicat plus conciliant, a dit ressentir une « profonde déception » devant l’échec à « moderniser les relations sociales et à faire du dialogue social un élément de gouvernance dans les entreprise ». Il s’est aussi dit inquiet de la possibilité donnée aux employeurs des entreprises de moins de 20 salariés de prendre « quasiment » des décisions unilatérales sur la modification des règles de travail. Enfin, il s’est interrogé sur les moyens alloués aux représentants du personnel dans le cadre de l’instance unique au sein de laquelle les différentes institutions représentatives seront fusionnées.
Pour Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, qui a adopté une attitude peu offensive depuis le début de la concertation, et qui a d’ores et déjà renoncé à manifester aux côtés de la CGT, « tout n’est pas parfait, loin s’en faut ». Il s’est néanmoins félicité d’avoir « fait son travail syndical » de négociation, sans lequel les ordonnances, selon lui, auraient été pires. Il s’est dit opposé au principe de la négociation directe dans les entreprises de moins de 20 salariés, ainsi que sur le « droit à l’erreur » dans la mesure où l’on peut craindre à ce qu’il ne touche pas seulement à la forme mais aussi aux « motivations du licenciement ». Par ailleurs, il s’est lui aussi interrogé sur les moyens de l’instance unique du personnel.
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Côté patronal, François Asselin pour la CPME (représentant les patrons les petites et moyennes entreprises) s’est en revanche dit globalement satisfait, saluant une réforme « particulièrement pragmatique ». Il s’est félicité notamment de la barèmisation des dommages et intérêts en cas de licenciement abusif.
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