« Kiss & Cry » : Trajectoire glissante

Kiss & Cry montre une jeune patineuse hésitante face aux exigences de la haute compétition.

Christophe Kantcheff  • 20 septembre 2017 abonné·es
« Kiss & Cry » : Trajectoire glissante
© photo : DR

Plan d’ouverture de Kiss & Cry : des patineuses, adolescentes et fillettes, chantent « La Marseillaise », sourire aux lèvres, au terme d’une compétition. Ce sont les seules images de joie liées au sport que l’on verra dans le film, où la fiction s’inscrit dans un fort substrat documentaire.

Les réalisatrices, Lila Pinell et Chloé Mahieu, ont pour personnage principal Sarah (Sarah Bramms), 15 ans, dont la vie est censée s’articuler autour du patinage artistique. Ses parents ont déménagé dans cette perspective et font des efforts financiers. Sarah s’entraîne au sein d’un club, à Colmar, voué à façonner des championnes.

Kiss & Cry serait donc un film sur les exigences de la haute compétition, les sacrifices et les souffrances, tendance Whiplash ? En partie. Car, si ces jeunes patineuses travaillent sous la férule d’un entraîneur tyrannique, Xavier (Xavier Dias), ce n’est pas une success story sportive à laquelle on assiste, qui résulterait de l’observation d’une discipline de fer. Au contraire. Malgré son amour du patinage, Sarah n’est pas imperméable aux préoccupations de son âge. Il y a les copines, les garçons, les fêtes… Tout ce qui entre dans la vie d’une jeune fille mais que la haute compétition exclut.

Sarah vit ce tiraillement sous la pression de sa mère (Dinara Droukarova), qui ne veut pas qu’elle se désinvestisse, et celle de son entraîneur. Passe ta compétition d’abord : Kiss & Cry a quelque chose du film de Pialat, Passe ton bac d’abord, en ce qu’il montre à hauteur d’adolescentes les relations qui se créent entre elles, à la fois conformistes (les photos sur Snapchat, les embrouilles…) et nécessaires à leur respiration. Il s’attache aussi à suivre l’échec de Sarah, qui contient en réalité une victoire plus grande, contre les autres et sur elle-même. Une victoire à l’arraché : l’émancipation.

Kiss & Cry Lila Pinell et Chloé Mahieu, 1 h 18.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes