« Le Maître est l’enfant » : La liberté, c’est classe
Alexandre Mourot promène sa caméra dans l’une des plus anciennes écoles Montessori.
dans l’hebdo N° 1471 Acheter ce numéro
Pas d’agitation, pas de cris, pas de maître qui s’époumone… La classe que filme Alexandre Mourot est un espace d’intense activité où les enfants s’auto-éduquent en suivant l’élan de leurs compétences naturelles. Une école Montessori comme il en existe dans les livres et quelques endroits préservés, avec la voix de la maîtresse pédagogue en off. C’est à se demander pourquoi tous les élèves ne sont pas éduqués dans un esprit d’épanouissement similaire.
Éduqués au sens large, car l’un des ressorts du film est le regard de père comme déclencheur du regard documentaire : les premières images illustrent les interrogations de l’auteur devant sa fille bébé, ses premiers mouvements et apprentissages.
Cette curiosité discrète guide sa caméra, qui observe les enfants à leur hauteur, enregistrant des travaux d’une inventivité et d’une adresse folles. Alexandre Mourot s’interroge sur le rôle de l’adulte : quand intervenir ? Comment composer un espace adapté ? Comment réagir quand on se sent en porte-à-faux avec les autres adultes, plus directifs ? « Les enfants se mettent chacun librement à leur tâche, sans qu’il soit nécessaire de promettre une récompense ou de menacer de punition… » « La tâche de l’éducateur est de permettre à l’enfant de devenir maître de lui-même ».
Le Maître est l’enfant confine au manuel de Montessori appliqué. Ce qu’il ressort de l’observation de cette classe, c’est la liberté et le calme qui y règnent. Quelles limites aux méthodes Montessori ? Pourquoi le matériel est-il si cher ? Pourquoi est-ce devenu un label ? Face à une colère, une dispute, un refus, que conseille Montessori ? Et comment rêver de Montessori face au malaise de l’Éducation nationale ? Ce n’est pas le propos d’Alexandre Mourot, qui piste derrière les gestes de ces 3-6 ans les promesses d’une société où les relations seraient pacifiées.
Le Maître est l’enfant, Alexandre Mourot, 1 h 41.