Universités : « entrée libre sous conditions »…
Pour l’Unef et le Snesup, avec les « attendus » pour intégrer un cursus, le principe de sélection est entériné.
Édouard Philippe n’a pas peur du mot « sélection ». C’est ce qu’il a affirmé le 30 octobre en présentant son « Plan étudiants » avec la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, et le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. Pas de surprise puisque la sélection à l’entrée de l’université était annoncée comme la solution miracle à la massification de l’enseignement supérieur et à l’échec en licence. Mais la défense de l’accès à l’université pour tous est telle que le gouvernement tente d’être stratège en masquant cette idée derrière des objectifs de « meilleure orientation ».
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Tellement stratège qu’au lendemain de sa présentation, personne ne sait trop sur quel pied danser. Pour les syndicats étudiants et enseignants Unef et Snesup, le principe de sélection est entériné. Ils appellent donc à une mobilisation contre la réforme le 16 novembre. Pour la Conférence des présidents d’université, la sélection existait déjà « de fait », autant la remplacer par une sélection « vertueuse ». Une université pourra-t-elle dire « non » à un candidat ? Oui, comprennent certains, car si les « prérequis » ont été remplacés par des « attendus », chaque établissement pourra fixer les compétences nécessaires pour intégrer tel ou tel cursus. Non, traduisent d’autres (La Fage, Sgen-CFDT), convaincus que le dernier mot reviendra au bachelier avec une botte secrète : un cursus de remise à niveau pour pouvoir rejoindre à terme la filière de son choix. Mais tout dépend des capacités d’accueil des filières. Problème majeur puisque certaines comme staps, droit, psycho sont engorgées.
Frédérique Vidal s’est engagée à créer 130 000 places dans l’enseignement supérieur dans les cinq ans, avec un soutien financier de 500 millions d’euros. Mais avec près de 40 000 nouveaux étudiants chaque année, le nombre de places supplémentaires reste en deçà des besoins. En outre, en cas de manque de places, les universités pourront avoir accès aux bulletins scolaires et aux comptes rendus de conseil de classe pour trancher. Les bonnes nouvelles, ce sont la volonté d’améliorer le pont avec le secondaire en mettant l’accent sur l’orientation, et l’enterrement d’APB, la plateforme d’inscription qui fait l’objet de polémiques pour manque de transparence, recours excessif aux algorithmes et « manquement aux règles gouvernant la protection des données », a jugé la Cnil. Le système remplaçant sera lancé le 15 janvier. Les lycéens ne formuleront plus 24 vœux mais 10, et pourront choisir une année de césure après le bac. Le nom de ce nouveau dispositif ? Il sera dévoilé la semaine prochaine.
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