Allemagne : Vers la fin de l’ère Merkel ?

La chancelière a échoué à former une coalition entre son parti, les libéraux-démocrates et les Verts.

Politis  • 22 novembre 2017
Partager :
Allemagne : Vers la fin de l’ère Merkel ?
© photo : MICHAEL KAPPELER / DPA / AFP

C’est livide, presque défaite qu’Angela Merkel est apparue le 20 novembre devant une nuée de micros et de caméras. La chancelière venait d’échouer dans sa tentative de former une coalition entre son parti, l’Union démocrate-chrétienne (la CDU et ses alliés bavarois de la CSU), les libéraux-démocrates et les Verts. Une alliance, baptisée « jamaïcaine » par les médias, en référence aux couleurs des trois partis qui la composent (noir pour les conservateurs, jaune pour les libéraux du FDP, vert pour les écologistes). L’exercice était périlleux pour Merkel, qui payait là son demi-échec aux législatives du 24 septembre. La chancelière s’était déjà heurtée à un refus du SPD, décidé à faire une cure d’opposition, et elle devait cette fois concilier l’inconciliable. Mais, contre toute attente, ce ne sont pas les Verts qui ont fait échouer l’opération malgré de fortes dissensions autant avec les conservateurs bavarois de la CSU qu’avec le FDP. Ce sont les libéraux du FDP, productivistes, alliés quasi naturels des chrétiens-démocrates depuis l’après-guerre, qui ont claqué la porte. Le désaccord a surtout porté sur la maîtrise des flux migratoires. 

L’Allemagne connaît ainsi une crise politique sans précédent puisque pour la première fois depuis 1949, date de l’adoption de sa Loi fondamentale, aucune majorité ne parvient à se mettre en place après des élections législatives. Et pourrait bien devoir retourner aux urnes. La chancelière, qui n’expédie plus que les affaires courantes, a d’ores et déjà envisagé de conduire à nouveau le bloc conservateur. Bien qu’affaiblie et victime sans doute de l’usure du pouvoir après trois mandats successifs, Angela Merkel n’a pas vraiment de concurrents sérieux. Mais un nouveau scrutin risque surtout, comme certains sondages semblent déjà l’annoncer, de permettre à la nouvelle extrême droite anti-migrants de l’AfD d’augmenter encore son nombre de suffrages. D’autant que l’objet de la rupture entre Merkel et le FDP est au cœur de la campagne démagogique de l’AFD.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille