Attac souhaite un mauvais anniversaire à l’iPhone
À l’occasion de la sortie de l’iPhone X, le 3 novembre, et des dix ans du smartphone d’Apple, l’association Attac a bruyamment félicité la marque pour sa décennie d’évasion fiscale.
Un gâteau d’anniversaire géant, des pom-pom girls, des banderoles, des ballons, des canons à confettis… « C’est une façon magistrale de fêter dix ans d’évasion fiscale », clame une militante dans son micro. Dès 8 heures devant l’Apple Store Opéra, à Paris, des militants d’Attac ont souhaité un bon anniversaire décalé à la marque qui, pour les dix ans de son smartphone, sort son nouvel iPhone X.
Une action symbolique et bon enfant pour appeler la multinationale à payer ses impôts. Les 40 militants réunis ne font preuve d’aucune violence, ni envers la boutique ni envers les dizaines de personnes qui font la file pour récupérer leur exemplaire.
Et ça hurle de tous les bords. Les haut-parleurs d’Attac font raisonner tantôt les discours des militants, tantôt les chants tel que « Apple maintenant, paie tes impôts ! » entonné sur l’air de la chanson « Joyeux anniversaire ». Les acheteurs les plus matinaux sont déjà en place depuis 7h30 et c’est l’ovation quand les portes de l’Apple Store s’ouvrent à 8 heures précises. En sortant, leur nouveau jouet à minimum 1 159 euros en main, certains exultent et ne peuvent s’empêcher de crier leur joie.
« 100 milliards d’euros qui ne rentrent pas dans les poches de l’État »
Ces aficionados, Attac voulait aussi les sensibiliser par cette action, comme le clame Annick Coupé, la secrétaire générale de l’association :
Nous sommes là aussi pour dire aux gouvernements français et européens d’en finir avec cette tolérance à l’évasion fiscale. Nous sommes là pour mobiliser l’opinion publique, pour dire que des mesures doivent être prises ! […] C’est une question de justice sociale, mais aussi de démocratie. Alors bon anniversaire Apple et mauvais anniversaire à l’évasion fiscale !
Dix ans que la marque à la pomme a commercialisé son téléphone intelligent iPhone. Dix ans, 18 modèles différents et sept milliards de produits vendus dans le monde. Année après année, les prix ont augmenté, permettant ainsi à la multinationale de toucher 40 % de marge sur la vente de ses téléphones. Des profits pour lesquels Apple paie très peu d’impôts, ce qui lui a permis d’accumuler plus de 200 milliards dans les paradis fiscaux, selon les données d’une étude Oxfam America publiée en avril 2017.
En octobre 2016, la Commission européenne sommait la firme mondiale de rembourser 13 milliards d’euros économisés grâce à des optimisations fiscales. Selon Bruxelles, cette somme aurait été perçue entre 2003 et 2014 grâce à un accord passé avec l’Irlande, qui permet d’y délocaliser les profits européens d’Apple pour n’être taxé qu’à 0,05 %.
« Ce sont 100 milliards d’euros qui ne rentrent pas dans les poches de l’État, alors que cet argent serait utile pour la santé, pour l’éducation, pour les services publics, mais aussi pour la transition écologique », scande Annick Coupé.
#iPhoneRevolt
Quand Attac revendique la fin de l’impunité fiscale de toutes les multinationales, la campagne #iPhoneRevolt a des revendications plus globales. Elle réunit divers intellectuels, artistes, membres d’ONG et chercheurs autour d’un même combat : dénoncer les dérives écologiques, sociales, économiques et financières d’Apple à travers son iPhone et défendre la production de « smartphones socialement, écologiquement et fiscalement soutenables », détaille la tribune du collectif.
L’idée est d’entacher son image de marque en « montrant sa face obscure », explique Annick Coupé. La production de smartphones est en effet au cœur d’enjeux tels que la surconsommation, l’obsolescence programmée et l’exploitation de main-d’œuvre. Elle a aussi un impact sur nos manières de vivre et de penser, mais aussi des conséquences environnementales, sanitaires, sociales et fiscales.
À travers la campagne #iPhoneRevolt, cette journée du 3 novembre est le moment pour Attac de commencer un combat qui va se poursuivre notamment par des actions similaires dans d’autres villes de France dans les semaines à venir. Le 4 décembre, le Conseil européen traitera de la taxation des Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon). L’occasion pour Attac de défendre l’imposition de ces géants du numérique, mais aussi de réclamer qu’Apple paie enfin son amende à l’Europe.