Le smartphone nous rend-il cons ?

Le téléphone dit « intelligent » est un objet paradoxal : à la fois libérateur et addictif, il inquiète les spécialistes de l’apprentissage et du cerveau.

Pauline Graulle  • 22 novembre 2017
Partager :
Le smartphone nous rend-il cons ?
© photo : Philippe Turpin/Photononstop/AFP

En 2018, deux tiers de l’humanité possédera un smartphone. L’objet est devenu si central dans nos vies que le pape supplie désormais ses fidèles d’arrêter de le prendre en photo pendant la messe… et que la face du monde serait un peu différente sans un président des États-Unis qui tweete comme il respire ! Avec le smartphone, l’homme contemporain a trouvé son bonheur : un appendice permettant d’avoir, où il veut et quand il veut, le monde à portée de main – vie sociale, divertissements, accès à toutes les consommations possibles et au savoir encyclopédique…

« Si nous sommes tous accros, décrypte la psychologue Elizabeth Rossé, c’est parce que le smartphone nous fait entrer dans l’ère de “l’homme augmenté”. » Une nouvelle ère du continuum parfait entre réel et virtuel, entre l’homme et l’outil… Au point qu’il nous faut désormais apprivoiser cet objet paradoxal : libérateur, il abolit contraintes et frontières ; addictif, il entraîne aussi une servitude volontaire, dont les spécialistes de l’apprentissage et du cerveau s’inquiètent.

« Smart », « Futé ». La Silicon Valley a bien compris que les nouvelles mines d’or se trouvent sous nos boîtes crâniennes. Elle a donc imaginé ce téléphone dont l’intelligence redoutable consiste surtout à savoir puiser dans notre temps de cerveau disponible. À capter notre attention et à collecter à la seconde nos données les plus intimes pour les vendre au plus offrant. À nous rendre malléables et dépendants. Qui a dit que rendre les objets plus intelligents nous rendrait moins stupides ?

À lire dans ce dossier :

Attention à votre attention !

« Le désir jamais assouvi d’être ici et ailleurs »

Comment la technique façonne le monde

La Terre au bout du fil

Société
Publié dans le dossier
Le smartphone nous rend-il cons ?
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Arnaquée par un faux Brad Pitt : et si on parlait plus du vrai ?
Sur le gril 20 janvier 2025

Arnaquée par un faux Brad Pitt : et si on parlait plus du vrai ?

Depuis son témoignage sur TF1 sur une escroquerie à l’amour, Anne, la victime, est le sujet de moqueries et de cyberharcèlement. Si des médias ont souligné que ces arnaques concernaient tout le monde, aucun n’a relevé que l’acteur est visé par des accusations de violences domestiques envers son ex-femme Angelina Jolie et leurs enfants.
Par Pauline Bock
Une marche contre l’IVG aux très forts relents d’extrême droite
Reportage 20 janvier 2025 abonné·es

Une marche contre l’IVG aux très forts relents d’extrême droite

Quelques milliers de manifestants étaient présents le 19 janvier à Paris, lors de manifestation annuelle contre l’interruption volontaire de grossesse, en cette 50e année du vote de la loi Veil. Dans ses rangs, des catholiques ultra-conservateurs, des royalistes et l’extrême droite.
Par Pauline Migevant
La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen
Presse 16 janvier 2025

La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen

Ce 17 janvier, l’investigatrice, convoquée au tribunal de Paris, a finalement évité des poursuites pour avoir révélé des secrets de la défense nationale. 110 organisations appellent à un renforcement du secret des sources pour la presse.
Par Maxime Sirvins
RSA sous conditions : une généralisation et des craintes
Enquête 15 janvier 2025 abonné·es

RSA sous conditions : une généralisation et des craintes

Depuis le 1er janvier, l’obtention du Revenu de solidarité active est liée à la réalisation de 15 heures d’activité hebdomadaires. Une réforme jugée absurde, aux contours encore flous, sans moyens, qui inquiète largement syndicats et associations.
Par Pierre Jequier-Zalc