Le smartphone nous rend-il cons ?
Le téléphone dit « intelligent » est un objet paradoxal : à la fois libérateur et addictif, il inquiète les spécialistes de l’apprentissage et du cerveau.
dans l’hebdo N° 1479 Acheter ce numéro
En 2018, deux tiers de l’humanité possédera un smartphone. L’objet est devenu si central dans nos vies que le pape supplie désormais ses fidèles d’arrêter de le prendre en photo pendant la messe… et que la face du monde serait un peu différente sans un président des États-Unis qui tweete comme il respire ! Avec le smartphone, l’homme contemporain a trouvé son bonheur : un appendice permettant d’avoir, où il veut et quand il veut, le monde à portée de main – vie sociale, divertissements, accès à toutes les consommations possibles et au savoir encyclopédique…
« Si nous sommes tous accros, décrypte la psychologue Elizabeth Rossé, c’est parce que le smartphone nous fait entrer dans l’ère de “l’homme augmenté”. » Une nouvelle ère du continuum parfait entre réel et virtuel, entre l’homme et l’outil… Au point qu’il nous faut désormais apprivoiser cet objet paradoxal : libérateur, il abolit contraintes et frontières ; addictif, il entraîne aussi une servitude volontaire, dont les spécialistes de l’apprentissage et du cerveau s’inquiètent.
« Smart », « Futé ». La Silicon Valley a bien compris que les nouvelles mines d’or se trouvent sous nos boîtes crâniennes. Elle a donc imaginé ce téléphone dont l’intelligence redoutable consiste surtout à savoir puiser dans notre temps de cerveau disponible. À capter notre attention et à collecter à la seconde nos données les plus intimes pour les vendre au plus offrant. À nous rendre malléables et dépendants. Qui a dit que rendre les objets plus intelligents nous rendrait moins stupides ?
À lire dans ce dossier :
• Attention à votre attention !
• « Le désir jamais assouvi d’être ici et ailleurs »
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