Non, les chômeurs ne sont pas des profiteurs
Une étude de Pôle emploi, révélée par Les Échos, atteste que la très large majorité des demandeurs d’emploi remplissent leurs obligations.
Depuis quelques semaines, le Président et son gouvernement ont suivi une stratégie de stigmatisation des chômeurs, considérés comme parasites ou profiteurs. Emmanuel Macron avait ainsi évoqué la figure du « multirécidiviste du refus », stigmatisant ainsi les chômeurs qui n’acceptent pas n’importe quel emploi avec un mot d’ordinaire employé pour des délinquants et des criminels. Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a, lui, accusé le 16 octobre sur BFM TV les demandeurs d’emploi de « bénéficier des allocations-chômage pour partir deux ans en vacances ». L’opposition de droite avait abondé dans ce sens, Laurent Wauquiez évoquant les chômeurs qui « profite[raient] de la vie ».
Une étude réalisée par Pôle emploi et dévoilée par Les Échos hier, remet largement en cause cette vision fantasmée. Selon le quotidien, pourtant peu suspect de gauchisme, _« plus d’un an et demi après avoir été généralisé par Pôle emploi, le contrôle de la recherche effective de travail par les chômeurs ne fait pas ressortir l’existence de bataillons de “profiteurs” ».
Toujours plus de moyens pour les contrôles
En effet, ce dispositif a abouti à seulement 14 % de radiations pour 270 000 contrôles menés. Ce sont donc 86 % des personnes contrôlées qui ont démontré qu’elles remplissaient bien leurs obligations. Et sur les 14 % radiées in fine, seules 40 % étaient indemnisées par l’Unédic, les autres relevant soit du régime de solidarité (23 %) ou ne touchant plus rien (36 %).
Dans le détail, sur 100 personnes contrôlées, 11 ont retrouvé un emploi pendant le contrôle ou n’étaient plus soumises à obligation de recherche, en cas de formation par exemple, et 55 ont démontré qu’elles étaient bien dans les règles après une simple vérification administrative. Sur les 34 personnes restantes, avec qui un conseiller a pris contact, 20 ont pu également démontrer qu’elles étaient dans les règles ou ont été remobilisées grâce à un accompagnement renforcé. Restaient donc 14 personnes radiées, pour lesquelles les droits ont été suspendus pendant 15 jours, conformément à la loi.
Le conseil d’administration de Pôle emploi avait approuvé en mai 2015 la généralisation de ses équipes de contrôle de la recherche d’emploi des chômeurs, prévoyant d’y affecter 200 postes équivalent temps plein (ETP). Emmanuel Macron s’est engagé à aller plus loin en multipliant par cinq les effectifs de contrôleurs pour les porter à 1 000.
À l’heure où les Paradise Papers viennent rappeler l’ampleur de l’optimisation et de la fraude fiscale par les plus riches, cette allocation de moyens pour faire la chasse à d’hypothétiques micro-fraudes parmi les plus modestes apparaît plus que jamais déplacée.
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